"Dans tous les cas je serai frustrée": pourquoi 13 millions de Français se sont abstenus au second tour

Des électeurs préparent leurs bulletins de vote dans un isoloir à Lyon pour le deuxième tour de la présidentielle, le 24 avril 2022 - OLIVIER CHASSIGNOLE © 2019 AFP
Des électeurs préparent leurs bulletins de vote dans un isoloir à Lyon pour le deuxième tour de la présidentielle, le 24 avril 2022 - OLIVIER CHASSIGNOLE © 2019 AFP

876450610001_6305021283001

Quelques minutes après 20 heures, Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, saluait la réelection d'Emmanuel Macron à l'Élysée, "un résultat historique". C'est en effet le premier chef d'État à être reconduit à la tête du pays, hors cohabitation, dans l'histoire de le Ve République. Mais ce second tour de la présidentielle est, à d'autres égards, également inédite. L'extrême-droite, en la personne de Marine Le Pen, a obtenu le plus haut score de son histoire (41,46% des suffrages).

Et, pour la première fois depuis 1969, l'abstention a atteint un record. 28,01% des Français inscrits sur les listes électorales ne se sont pas déplacés, soit plus de 13,6 millions de personnes. Si l'on rajoute les votes blancs (4,57% des suffrages, plus de deux millions de personnes) et les bulletins nuls (790.996), cela représente 16 millions de Français. Pourquoi un tel rejet?

Difficultés administratives

Au micro de BFMTV, des abstentionnistes ont expliqué leur choix. Il y a d'abord les arguments pratiques. "Je viens de Normandie et je n'ai pas fait le changement, je n'ai pas donné ma nouvelle adresse, donc je n'ai pas pu voter, ni au premier, ni au second tour", explique ainsi Louka. "Quand j'ai voulu faire ma procuration sur internet, j'ai eu du mal à comprendre comment faire", affirme un autre abstentionniste. "En faisant ma procuration, ils m'ont dit que c'était trop tard", regrette une autre.

"Autant ne pas participer à ça"

Viennent ensuite les raisons plus profondes, comme celle du rejet des deux projets qui s'affrontaient dimanche. Pierre explique ne pas partager "les deux visions qui sont proposées, soit Macron, soit Mme Le Pen". D'autres, qui se sont déplacés au premier tour, ne l'ont pas fait au second. "Avec les résultats, je me suis dit 'autant m'abstenir'. Dans tous les cas je serai frustrée, quelque soit le résultat donc autant ne pas participer à ça", confesse Charlotte.

876450610001_6305021170001

Parmi les Français qui ont boudé les urnes, certains font part d'un "ras-le-bol général", à l'instar de Marc. "Je pense que les Français ont un grand ras-le-bol depuis bien longtemps, je ne parle pas spécialement de M. Macron mais c'est général et j'en fais partie", prépose-t-il.

"Il n'y a jamais rien qui a bougé"

D'autres, encore, confient leur défaitisme vis-à-vis d'un vote dont ils ne voient pas l'utilité. "Tant mieux, tant pis, celui qui passe ou pas, c'est comme ça. De toute façon, quelque soit le président élu, ça sera la même chose pour moi. Il n'y a jamais rien qui a bougé", regrette Jérémy.

Pour Philippe Corbé, chef du service politique de BFMTV, l'abstention record n'est pas "seulement une défaite pour Emmanuel Macron ou Marine Le Pen". "C'est une défaite pour la classe politique en général qui n'arrive pas à mobiliser, même à intéresser des millions de Français", qui seront pourtant concernés par les "réformes qui arrivent".

Article original publié sur BFMTV.com