Les cartels mexicains embauchent désormais des enfants comme tueur à gages

250 000 enfants travailleraient pour les cartels mexicains - REUTERS

Une enquête du magazine Vice a révélé l’incroyable augmentation du recrutement d’enfants dans les cartels de narcotrafiquants mexicains. 250 000 d’entre eux occuperaient des fonctions de vendeurs, de guetteurs ou de tueurs.

Plus rien n’arrête les cartels mexicains dans leur escalade de violence, pas même les droits des enfants. Selon une enquête du magazine américain Vice, relayée par le site Ulyces, 250 000 mineurs auraient ainsi été recrutés par les organisations de narcotrafiquants depuis 2019. Cité par l’article, le chiffre est issu d’une étude du Réseau pour les droits de l’enfant au Mexique (REDIM) qui révèle aussi que ces enfants n’étaient que 30 000 en 2019, ce qui confirme l’existence d’une puissante tendance haussière.

Ce phénomène s’inscrit dans une recrudescence généralisée de la violence entre bandes rivales au Mexique, engagées depuis des années dans une gigantesque guerre pour le contrôle de la vente de drogue. Rien qu’en 2020, ​​ces affrontements ont engendré 36 579 assassinats, soit une moyenne proche de 100 morts par jour. Placés à des postes de guetteurs, de dealers voire de sicarios (le nom des tueurs dans les cartels mexicains), les enfants sont aussi victimes de cette violence. 21 000 d’entre eux ont ainsi été tués entre 2019 et 2021.

Juan, 15 ans, tueur à gages

Pour aller au-delà des chiffres, Vice a rencontré des jeunes ayant connu cette vie au sein des cartels de la drogue mexicains. C’est le cas de Juan, recruté à 15 ans par un gang pour vendre de la méthamphétamine, puis pour tuer un membre d’une bande rivale. "Je suis allé à l’endroit qu’on m’avait indiqué. Là, je l’ai tué", a-t-il raconté à nos confrères. Aujourd’hui incarcéré dans un centre pénitentiaire correctionnel pour meurtre, il poursuit : "C’est devenu normal. Personne ne savait rien, même pas ma famille, personne." Évidemment, les armes et les photos des cibles à abattre sont fournies par l'employeur de ces enfants sicarios.

Déjà profondément empêtrées dans leur propre guerre avec les narcotrafiquants, les autorités mexicaines sont conscientes du phénomène mais peinent à l’endiguer. Le gouvernement a toutefois créé un observatoire national censé lutter contre le recrutement des enfants dans le narcotrafic et soutient de nombreuses initiatives visant à les aider à ne pas franchir le pas. Et pour cause, un enfant qui entre dans un cartel n’en ressort jamais ou presque. Il est tué ou il finit en prison. L’État de Baja California, situé dans le Nord du pays, a quant à lui décidé de créer une académie militaire indépendante qui collabore avec des institutions internationales et des associations pour lutter contre ce qu’on appelle désormais la “sicarisation” des enfants mexicains. Des initiatives louables qui semblent pourtant bien insuffisantes face à l’ampleur de ce phénomène dramatique.

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