Caroline Lhomme, victime d’une rupture d’anévrisme : "J’étais presque morte quand ils m’ont ramassée, j’ai eu une chance inouïe"

Changer le regard sur le handicap et transmettre un message fort en faveur de l’inclusion, c’est l’ambition de "Différent.e.s". Pour l’incarner, qui mieux que Salim Ejnaïni : cavalier de Jumping, sportif, conférencier, entrepreneur… et non-voyant ? Comment vit-on avec une "différence", comment apprend-on à s'accepter soi et à accepter le regard de l'autre ? Parcours cabossés, destins contrariés et incroyables leçons de vie : Salim Ejnaïni recueille les témoignages de nos invités extra-ordinaires. Des histoires fortes et inspirantes autour de la résilience et du vivre-ensemble…

Sa vie a basculé à l’âge de 29 ans après une rupture d’anévrisme. Désormais paralysée du côté gauche du corps, la journaliste Caroline Lhomme a dû réapprendre à vivre totalement autrement. Dotée d’un courage à toute épreuve, celle dont l’humour caustique ravage tout sur son passage, a accepté de raconter son histoire dans "Différent.e.s", le nouveau format de Yahoo.

Elle avait la vie devant elle et tout pour être heureuse. Elle allait même se marier. Seulement voilà : une rupture d’anévrisme est venue tout chambouler. Hémiplégique à la suite de cet incident, Caroline Lhomme aurait pu ne jamais se relever. Mais l’abandon ne fait pas partie de son vocabulaire. Elle s’est battue bec et ongles pour imaginer son quotidien différemment et surtout, se faire une place dans une société parfois marquée par le mépris et l’intolérance (Retrouvez l'intégralité de l'interview en fin d'article).

"Je suis tombée dans les pommes en vomissant tripes et boyaux"

Après avoir passé plusieurs années dans le milieu de la bande dessinée, Caroline trouve un travail passionnant de journaliste. Mais le 7 mars 2001, tout bascule. Quelques bribes de souvenirs lui reviennent. "J’étais partie faire l’interview du pianiste Richard Clayderman", se rappelle-t-elle expliquant avoir eu, à ce moment-là, "un mal de crâne épouvantable". Une gêne bien présente qu’elle attribue sur le coup à une consommation excessive d’alcool lors d’une soirée la veille. Malheureusement pour elle, il n’en est rien. "Lorsque je suis sortie de chez le musicien, je suis tombée dans les pommes en vomissant tripes et boyaux". Par chance, elle n’est pas seule et son amie appelle immédiatement les secours. "Les pompiers sont arrivés ventre à terre et m’ont sauvée. J’ai eu une chance inouïe".

"Une espèce de boucher-charcutier a pris le bistouri, il a failli me tuer"

Plongée dans le coma pendant trois semaines, la jeune femme de 29 ans finit par se réveiller… avec des séquelles. Privée de son champ visuel gauche, elle réalise rapidement l’imaginable : tout son côté gauche est paralysé, un lourd handicap dont elle ne pourra se défaire. Au fur et à mesure des semaines, des mois et des années, elle apprend à tout faire de la main droite et retrouve quelques sensations du côté gauche, de quoi "attraper un saucisson ou une baguette de pain". "J’avais un petit défaut préexistant dans le cerveau, il fallait que ça pète un jour, m’ont expliqué les médecins".

Cette rupture d’anévrisme la prive également d’un tout autre sens, la parole. "Les pompiers qui m’ont sauvée ont dû m’intuber dans le camion pour éviter que je ne m’étouffe. Mais leur tube est parti de travers et m’a déchiré la trachée". S’en suit une opération mal faite, réalisée par un "boucher-charcutier", qui a complètement cassé sa voix. "Il a failli me tuer", se rappelle-t-elle, toujours sous le coup de l’émotion. Le temps passe et c’est finalement à la veille de ses 30 ans qu’elle reçoit le "plus beau des cadeaux".

"Un jour, mon pneumologue adoré arrive dans ma chambre, s’assied et sort de sa poche un tube translucide", raconte-t-elle, précisant avoir reçu à ce moment une super nouvelle, l’annonce d’une nouvelle opération, une trachéotomie. "J’ai attrapé sa tête et je l’ai embrassé tout de suite". Et malgré la crainte d’un nouvel acte chirurgical, la jeune femme accepte avec grand plaisir de traverser cette nouvelle épreuve. Fort heureusement, tout se passe bien et Caroline peut à nouveau parler. Elle n’aime pas sa nouvelle identité vocale mais qu’importe, elle est heureuse.

"Battez-vous mais rigolez. En rigolant, tout passe tellement plus facilement"

Aujourd’hui, Caroline va bien et estime avoir traversé toutes ces épreuves grâce à un état d’esprit positif et une force de caractère basée sur le rire. "J’hérite mon sens de l’humour de mon papa. Ça m’a tellement aidée", reconnait-elle, considérant cela comme la meilleure des thérapies. "En rigolant, tout passe beaucoup plus facilement". Malgré tout, Caroline reconnait être passée par des phases compliquées. "J’étais un peu furax mais combative. Être en colère permet de se relever, ça donne de l’énergie".

Se qualifiant d’"emmerdeuse", l’autrice du livre "Bienvenue dans mon demi-monde" (Éd. Hugo Desinge), raconte avoir également réussi, avec le temps, à "dompter" les médecins, à se faire entendre. Comme elle l’explique, elle sait désormais ce qu’elle veut et fait tout pour y parvenir. "Ils ne faisaient pas ce que je voulais. Il y a quelque temps, j’ai décidé qu’il fallait opérer ma jambe. Le praticien qui devait opérer traînassait. Je l’ai fait chier jusqu’à ce qu’il accepte".

Un tempérament de feu qu’elle avait déjà bien avant cet accident. "Je suis restée moi-même. Je suis même encore plus moi aujourd’hui. Il paraît qu’avec un coup sur le crâne, les traits de caractère qu’on a au préalable s’accentuent".

Retrouvez l'intégralité de l'interview de Caroline Lhomme :