Pour Caroline de Haas, le nouveau gouvernement "est clairement anti-féministe"

Caroline de Haas, lors d'une manifestation contre les violences faites aux femmes à Paris, en novembre 2017. - ALAIN JOCARD / AFP
Caroline de Haas, lors d'une manifestation contre les violences faites aux femmes à Paris, en novembre 2017. - ALAIN JOCARD / AFP

Depuis le remaniement lundi soir, les militantes féministes s'insurgent de la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l'Intérieur, et d'Eric Dupond-Moretti à la Justice. "Je suis sidérée que le président de la République envoie un message de déni à l'ensemble des femmes victimes de violences", déclare ce mardi sur BFMTV Caroline de Haas, membre du collectif #NousToutes. Selon elle, ce nouveau gouvernement est "clairement anti-féministe".

Les deux nouveaux ministres sont critiqués pour différentes raisons.

"On nomme patron de la police un homme visé par une enquête pour viol"

Gérald Darmanin est pointé du doigt en raison d'une information judiciaire pour viol ouverte à son encontre. Après deux ans de bataille procédurale, la cour d'appel de Paris avait ordonné début juin la reprise des investigations sur les accusations de viol, harcèlement sexuel et abus de confiance portées contre le ministre.

"On le sait, en France, il y a déjà des difficultés importantes pour les femmes victimes de violences à porter plainte, c'est quoi le message qu'on leur envoie quand on nomme patron de la police en France un homme qui est visé par une enquête pour viol?" lance Caroline de Haas. "On ne pouvait pas juste attendre de voir ce qu'il se passait avant de le nommer ministre de l'Intérieur?"

Entendu en audition libre le 12 février 2018, Gérald Darmanin a confirmé avoir eu une relation sexuelle avec Sophie Patterson-Spatz, mais selon lui librement consentie et à l'initiative de la plaignante. Cette plainte "ne fait pas obstacle" à la promotion de Gérald Darmanin, selon l'entourage du président.

La "misogynie crasse" de Dupond-Moretti

Le nouveau ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti est lui fustigé pour des propos tenus par le passé.

"Quand on sait qu'en plus à la Justice on nomme un homme qui explique que MeToo est allé trop loin, était un problème...", déplore Caroline de Haas. "Il a quand même parlé des féministes comme des 'follasses'. En terme de misogynie crasse, on fait difficilement mieux".

Dans une interview au magazine GQ en janvier 2019, l'avocat avait déclaré que parmi les femmes témoignant avec le #MeToo, il y avait "des 'follasses' qui racontent des conneries et engagent l’honneur d’un mec qui ne peut pas se défendre". Sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin en 2018, il assurait que des femmes regrettaient "de ne pas être sifflées" dans la rue, alors qu'il était interrogé sur la nouvelle infraction d'outrage sexiste.

"Bon courage" à Marlène Schiappa

Pour Caroline de Haas, ces nominations sont la preuve que la grande cause du quinquennat concernant l'égalité hommes-femmes et la lutte contre les violences faites aux femmes, "est définitivement enterrée".

"Ce gouvernement est un gouvernement clairement anti-féministe. Le président de la République aurait pu juste rester poli et neutre sur la question des violences, on sait que ce n'est pas son sujet" déclare-t-elle. "Aujourd'hui, le président de la République se pose comme un militant anti-féministe et agressif vis à vis des femmes victimes de violences".

Elle souhaite au passage "bon courage" à Marlène Schiappa, ministre déléguée de l'Intérieur, à la citoyenneté, précédente secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité hommes-femmes. Selon elle, sa remplaçante Elisabeth Moreno "n'aura pas de pouvoir politique", ni de moyens financiers pour faire progresser cette cause.

Article original publié sur BFMTV.com