Caroline Fourest : « On ne doit pas voir l'offense partout »

Dans un essai percutant, la journaliste militante s'inquiète des millennials qui traquent parfois sans discernement le racisme, les vexations et l'appropriation culturelle. Interview.

ELLE. Comment définiriez-vous cette notion de « génération offensée » ?             

Caroline Fourest. C'est cette génération Y, plutôt sympathique, qui se veut « réveillée » (« woke », en anglais) contre les discriminations, ce qui est évidemment formidable. Sauf qu'elle peut verser à tout moment dans la censure et le lynchage si on lui dit que quelqu'un a commis un « blasphème » jugé « raciste » ou si on l'accuse du péché d'« appropriation culturelle » qui consiste à refuser qu'on emprunte les codes d'une culture, même pour lui rendre hommage.             

ELLE. Comment est-on passé de slogans soixante-huitards tels que « Il est interdit d'interdire » à la « cancel generation » (de l'anglais « supprimer ») ?             

Caroline Fourest. Cette « génération offensée » s'emballe vite. Elle ne tient compte ni du contexte ni de l'intention. Au point de tout mélanger : l'hommage et le pillage. Elle se croit très antiraciste. En réalité, elle est dévorée par l'identitarisme. Elle voudrait que les féministes blanches ne parlent ni du voile ni de l'excision, que seuls des musiciens noirs chantent du jazz, que les personnages de cinéma soient joués par des acteurs qui ont le même ADN, la même sexualité ou la même identité…             

ELLE. Cette confusion, qui tourne parfois à l'intimidation, est-elle favorisée par les réseaux sociaux ?             

Caroline Fourest. Clairement. Sur Internet, le feu prend...

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