Comment Carlos Ghosn lutte contre le parquet de Tokyo

Carlos Ghosn a comparu, mardi 8 janvier, devant le tribunal de Tokyo, suite à sa demande de se voir communiquer les motifs précis de sa détention. Lors de ce premier plaidoyer en public depuis son arrestation le 19 novembre, il a nié toutes les accusations, faisant “preuve d’une attitude combative”, écrit le Nihon Keizai Shimbun. Mais le 9 janvier, la justice a quand même refusé la demande de remise en liberté qui avait été déposée la veille.

L’ex-patron de Nissan est donc toujours en garde à vue au centre de détention de Tokyo. Le parquet lui reproche d’avoir dissimulé une partie de sa rémunération depuis l’exercice fiscal 2010 et d’avoir utilisé de l’argent de Nissan à des fins personnelles. Le juge a justifié la longue détention par les risques de fuite à l’étranger et de destruction des preuves.

La comparution de Carlos Ghosn avant son procès – une démarche rare au Japon – permet de comprendre la stratégie de ses avocats, estime le premier journal économique du pays.

Mobiliser l’opinion publique

D’abord, “à l’approche de la fin de la garde à vue en cours (vendredi 11 janvier), l’équipe des défenseurs de Carlos Ghosn avait envie d’agir [de manière publique] pour exiger la remise en liberté”. Le 20 décembre, la justice avait exceptionnellement refusé le prolongement de la garde à vue – mais par la suite Carlos Ghosn avait immédiatement été arrêté par le parquet, qui a invoqué d’autres charges. Reste que la relative clémence dont a fait preuve le juge incite les avocats à prendre des initiatives pour obtenir une libération sous caution.

Ensuite, écrit le journal, “certains estiment qu’il s’agit d’une stratégie vis-à-vis des médias étrangers”, qui, depuis le début de l’affaire, soulignent les aspects dits “inhumains” du système judiciaire japonais. Dans ce contexte, démentir les accusations en public pourrait susciter des doutes et des critiques quant à la manière dont l’enquête est menée par le parquet, ce qui pourrait affaiblir ce dernier lors du procès à venir.

En clamant [l’innocence de Ghosn], les avocats souhaitent sans doute profiter des pressions extérieures, analyse un ancien procureur dans le quotidien.

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