Avec « Capone », Tom Hardy touche le fond

Pustules vérolées, patte folle à la traîne, rictus digne d'une mauvaise imitation de Brando dans Le Parrain? Tom Hardy se glisse grossièrement dans le costume d'Al Capone. Au détour d'un biopic raté sobrement intitulé Capone, le sien ne ressemble en rien à l'original, tout juste un ogre de latex barbouillé d'un maquillage farineux. Il dodeline, gémit, se roule dans la boue, défèque dans son pantalon. Un festival de mauvais goût résonnant comme le chant du cygne d'un acteur réputé pour ses métamorphoses rôle après rôle depuis une dizaine d'années. Censé retracer les derniers jours du mafieux, ce portrait gras du Napoléon du crime chicagoan rappelle une mauvaise comédie des frères Farrelly.

Bouffon malgré lui, Tom Hardy reste pourtant l'attraction principale du film : un gangster en bout de course, reclus, parano et rongé par la syphilis. Si l'acteur sombre dans l'auto-parodie, cabotine en permanence comme s'il en avait marre de donner ce qu'il a dans les tripes, on peut y voir une métaphore du tournant que prend sa carrière. Une chute inévitable amorcée dès le trivial Venom, en 2018, où il campait sans passion l'un des némésis les plus intéressants de Spider-Man dans un film au rabais. Il se pourrait bien que l'industrie cinématographique actuelle, codifiée, frileuse et aseptisée, étouffe le talent brut de l'acteur. Ou que Tom Hardy n'en ait plus rien à faire de son image de performeur. À moins que cela ne soit un peu des deux.

Les sirènes des studios

« Ce n'e [...] Lire la suite