Les capitales, un modèle d’anarchie orthographique
La source
Fondé à Boston, aux États-Unis, en 1908, The Christian Science Monitor n’est plus imprimé quotidiennement depuis 2009 et se concentre sur son site Internet. Une version papier continue de paraître de façon hebdomadaire. Il est réputé pour sa couverture des affaires internationales et le sérieux de ses informations nationales.
Toutes les semaines, nous publions sa chronique “En un mot”, qui s’intéresse à “l’histoire, la puissance et la beauté du langage courant”.
Fin du VIIIe siècle, en Europe. L’Empire carolingien s’étend sur une bonne partie du continent, des frontières de l’Espagne à celle de la Serbie d’aujourd’hui.
Charlemagne désire convertir ses derniers sujets païens au christianisme et diffuser ses lois aux quatre coins de l’empire, mais la tâche est titanesque, car à cette époque, tous les textes sont encore recopiés à la main.
Les copistes élaborent alors une écriture cursive, faite de “petites lettres” [plus rapides à reproduire] : la minuscule caroline.
Au Moyen Âge, la confusion règne
Dorénavant, l’alphabet latin comporte deux formes pour chaque lettre, la majuscule (A, B) et la minuscule (a, b), que les scribes mélangent à l’envi – posant ainsi les jalons du recours aux capitales pour mettre en valeur certains mots.
Les règles d’utilisation de la majuscule telles que nous les connaissons aujourd’hui ne seront toutefois établies que mille ans plus tard, et, au Moyen Âge, l’orthographe est complètement anarchique.
Les copistes sèment les majuscules comme bon leur semble, là où ils estiment qu’elles faciliteront la compréhension.
D’après de nombreux linguistes, il faut attendre le XVIe siècle, et la traduction de la Bible par Luther, pour voir apparaître les premiers signes de normalisation.
Dans cette version imprimée, chaque phrase et chaque vers commence par une majuscule, de même que les mots importants comme Gott (“Dieu”) ou Könige (“rois”).
Cela débouchera sur la généralisation de la majuscule au début de tous les noms communs en allemand… et sur une certaine confusion dans d’autres langues.