Cannes 2024 : « Le Deuxième Acte » de Quentin Dupieux, une satire sur le cinéma très drôle, mais pas que

CINÉMA - Qu’est-ce que veut dire être acteur, et qu’est-ce que c’est finalement, un film ? Quentin Dupieux essaye de répondre à ces questions dans Le Deuxième Acte. Présenté en ouverture du 77e Festival de Cannes, juste après la Palme d’or d’honneur décernée à Meryl Streep et la cérémonie d’ouverture présentée par Camille Cottin, Le Deuxième Acte est en salle depuis ce mercredi 15 mai. Un long-métrage vraiment très drôle, mais pas seulement.

À Cannes, Judith Godrèche avec « Moi aussi » tient la promesse qu’elle a faite à celles et ceux qui lui ont écrit

Avec Le Deuxième Acte que nous avons vu à Cannes, le réalisateur de Yannick veut à nouveau briser le 4e mur. Pour ce faire, il a imaginé un film sur un tournage chaotique de film. Rien de révolutionnaire nous direz-vous sans doute. Fiasco l’a fait récemment en version série, le film Making Of de Cédric Kahn s’y était aussi attaqué l’an dernier. Mais cette fois-ci, Quentin Dupieux a choisi d’opérer avec une triple mise en abîme. Et c’est là que ça devient vraiment intéressant. Les notions de fiction et de réalité s’imbriquent sans qu’on puisse réellement les démêler.

Au casting, on retrouve Louis Garrel dans la peau de David. Vincent Lindon joue Guillaume, Raphaël Quenard incarne Willy et Léa Seydoux interprète Florence. À leurs côtés, il y a également Manuel Guillot dans la peau de Stéphane. Il n’est pas la 5e roue du carrosse, même s’il semble être en second plan. Il ouvre le film et le clôt. Et il vient illustrer peut-être avec le plus de justesse ce que veut vraiment dire être acteur pour l’immense majorité des personnes qui rêvent d’appartenir à ce cercle très fermé. Exit les paillettes et les crises de nerfs de comédiens égocentriques. Ici, le trac paralyse, la déception écrase, et les spectateurs ressentent la même chose.

Ce n’est pas un hasard si Quentin Dupieux a choisi Manuel Guillot, doubleur et acteur de publicités, pour interpréter ce personnage. Sur le tapis rouge de la cérémonie d’ouverture le mardi 14 mai, le comédien a déclaré au micro de France.tv « Il y a six mois, j’avais beaucoup de difficultés pour avoir des castings, et j’ai fait ce casting magique, et là, je suis là. »

Le Deuxième Acte, une comédie grinçante

Rassurez-vous, Le Deuxième Acte et aussi une comédie. Si vous aimez les répliques cinglantes, vous serez servis. Les dialogues fusent à une vitesse hallucinante entre les quatre personnages principaux (qui sont en réalité cinq, comme vous l’avez compris). Phrase après phrase, et en un temps record, tout ce qui peut faire grincer des dents est abordé de manière ironique, voire parfois franchement piquante, par les protagonistes.

Il y a des sujets « faciles », comme la mégalomanie supposée des comédiens, les rêves d’Hollywood des stars françaises, les faux-semblants sur les artistes engagés, le trac vécu par les comédiens amateurs, l’intelligence artificielle, ou encore la nécessité absolue pour les acteurs qui sont au cœur de l’attention d’être irréprochables dans leurs propos. Et il y a des thèmes beaucoup plus sensibles aujourd’hui, et notamment la cancel culture et les violences sexuelles.

En 1h20 de temps, Quentin Dupieux, balaye, éclabousse et taquine le 7e art, tout en rappelant aux spectateurs, et aux acteurs, de quoi il est vraiment fait.

À voir également sur Le HuffPost :

« Furiosa » à Cannes : Anya Taylor-Joy ne s’est jamais sentie aussi seule que sur le tournage de ce film

Festival de Cannes : Jane Fonda amuse (et embarrasse) le plateau de C à Vous avec sa coupe de champagne