Comment fonctionne le cannabis thérapeutique ?

L'expérimentation du cannabis thérapeutique a été validée par l'Assemblée nationale le 25 octobre. Comment fonctionne-t-il ?
L'expérimentation du cannabis thérapeutique a été validée par l'Assemblée nationale le 25 octobre. Comment fonctionne-t-il ?

L’expérimentation de l’usage médical du cannabis a été validée par l’Assemblée nationale. Mais comment fonctionne cette substance en version thérapeutique ?

L’Assemblée nationale a validé, vendredi 25 octobre, l’expérimentation de l’usage médical du cannabis. Une décision qui entre dans le cadre de l’examen du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2020.

Cette mesure sera très encadrée : elle sera menée dans un nombre restreint de centres hospitaliers et les médecins souhaitant participer à l’expérimentation suivront une formation en ligne, comme le rapporte l’AFP. Ils pourront prescrire différents produits à inhaler (fleurs séchées, huiles) ou à boire (gouttes, capsules d’huile).

Seuls 3 000 patients “en impasse thérapeutique” sont concernés par cet essai, notamment ceux souffrant de certaines formes d’épilepsies, de douleurs neuropathiques, de pathologie du système nerveux central comme la sclérose en plaque, ou encore des effets secondaires de chimiothérapies, comme le précise l’AFP.

Des effets discutables

Deux principes actifs pourront être intégrés à des doses variables : le THC (tetrahydrocannabinol), psychoactif “aux effets planants” comme nous décrit le professeur Bertrand Dautzenberg, et le CBD (cannabidiol), qui peut permettre une relaxation musculaire, “il rend plus cool et peut aider à dormir”.

“Il est indiscutable que le cannabis a des effets sur le cerveau”, explique l’ancien pneumologue, en revanche, “il n’y a pas de démonstration indiscutable qui prouve que ça fonctionne” en version thérapeutique, précise-t-il. “Ça aide certains patients, comme l’homéopathie peut en aider d’autres”, estime le professeur, qui compare, pour la variabilité de ses effets, le cannabis au café. Cette boisson “booste certaines personnes, mais elle crée des palpitations chez d’autres”.

“Une question de dosage”

Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecin, est plus optimiste quant aux effets du cannabis thérapeutique. “Le cannabis a des effets négatifs, mais tout est une question de dosage et de modalité d’administration”, précise-t-il.

Pour Serge Smadja, en utilisation médicale, le THC “agirait sur la douleur, car il agit sur le système nerveux central et notamment sur les spasmes et contractures douloureuses”. Ce principe actif pourrait aussi avoir un impact sur “les douleurs chroniques neuropathiques qui ne réagissent pas à tous les médicaments”. Il est aussi utile en oncologie car “il aurait une action sur la nausée et les vomissements, via le système nerveux central”, selon le médecin. Quant au CBD, qui “serait relaxant, il est intéressant pour certaines épilepsies rebelles”.

Peu de recul en France

“Pour le moment on n’a pas trop de recul en France”, avoue Serge Smadja, qui assure cependant qu’il y a “un relatif consensus sur l’efficacité (...). L’action pharmacologique du cannabis est prouvable, reproductible et mesurable”.

Pour autant, reste à juger si l’utilisation médicale du THC et du CBD “peut apporter une valeur ajoutée, des choses que d’autres médicaments ne peuvent pas” et, surtout, bien “surveiller les patients et prévenir les effets secondaires indésirables qui pourraient arriver”, estime le secrétaire général de SOS Médecin.

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