Yahoo Actualités Une canicule en plein JO de Paris 2024? Ce que les organisateurs ont prévu face à cette éventualité
Près de 15 millions de visiteurs entassés cet été dans la capitale européenne la plus vulnérable face à la canicule? Le coup d'envoi des Jeux olympiques de Paris sera donné le 26 juillet, celui des paralympiques le 28 août. Les préparatifs battent leur plein et font transpirer les organisateurs et les autorités locales. Et un coup de chaud supplémentaire s'ajoute à la liste: celui d'anticiper le risque de canicule.
Une étude montre que Paris pourrait bien suffoquer durant les Jeux. Selon les chercheurs, une canicule pire que celle de 2003 pourrait toucher le pays sur la période: "Des températures qui dépassent le record de 2003 d'environ 4°C" en région parisienne "sont possibles".
Une tendance alarmante rendue probable par les effets du réchauffement climatique. Météo-France n'a pas encore émis de prévisions pour l’été, mais a déjà averti que les mois d'avril, mai et juin risquent d'être plus chauds que la moyenne. Alors que le dérèglement climatique se poursuit, les effets du phénomène El Niño, qui induit une hausse naturelle des températures moyenne à l’échelle de la planète et augmente le risque d'événements climatiques extrêmes, et la chaleur des océans, qui est transférée au continent, perdureront à l'été.
Les JO de Tokyo, en 2021, ont été les plus chauds enregistrés depuis 1952 mais ils se sont déroulés sans spectateurs en raison de la pandémie de Covid-19. Du côté de Paris 2024, on l'assure: le risque de canicule est "bien identifié" et ce, "depuis la candidature".
Surveillance coordonnée
Ainsi, dès début juillet, Météo-France sera présent au siège du COJOP (Comité d'organisation des Jeux olympiques et paralympiques). "Il y aura des briefings deux fois par jour", explique Lambis Konstantinidis, directeur de la planification et coordination de Paris 2024.
"Ça nous permettra d'avoir des indications supplémentaires comme le taux d'humidité ou le ressenti", complète-t-il.
Les organisateurs des Jeux entendent néanmoins "prendre des mesures avec le choix assumé de garder (leurs) engagements climatiques". En effet, Paris 2024 s'est donné l'objectif de diviser de moitié l'empreinte carbone de l'événement par rapport aux éditions précédentes. C'est ainsi qu'il a été décidé de ne pas installer de climatisation dans les chambres du village olympique. "Certaines délégations ont demandé à l'ajouter, mais ils sont minoritaires", précise Lambis Konstantinidis.
Joint par BFMTV.com, Santé publique France se dit également sur le pont. "Compte tenu du nombre de spectateurs attendus nous sommes particulièrement vigilants sur ce point", assure l'agence. Une "surveillance spécifique en lien étroit avec le ministère de la Santé et Paris 2024" est mise en place, "quelle que soit la vigilance météorologique de Météo France".
En plus des dispositifs mis en place chaque été, "une diffusion accrue de certains de ces outils en anglais (notamment affiches et dépliants) est prévue". Pour l'heure, Santé publique France juge toutefois "difficile de prédire les fluctuations et la vulnérabilité de la population présente pendant les JOP et donc l'impact sur l'augmentation des recours aux soins".
Fontaines et espaces ombragés
Ceux qui ont déjà connu la déplaisante expérience de prendre les transports bondés durant une vague de chaleur savent que la perspective des Jeux olympiques peut être quelque peu préoccupante.
La SNCF prévoit 22 îlots de fraîcheur installés sur les parvis de neuf grandes gares concernées, avec des ombrages et de la végétation pour accueillir les visiteurs en cas de chaleur.
En outre, depuis le 1er janvier 2022, la loi rend obligatoire l'installation d'une fontaine d'eau potable dans tous les lieux publics accueillant plus de 300 personnes simultanément. Si c'est aujourd'hui loin d’être le cas, la région Île-de-France promet d'ajouter "des fontaines à eau dans 120 stations et gares" d'ici l'été. En cas de canicule, des agents et bénévoles distribueront également des bouteilles d’eau, malgré l'engagement de n'avoir aucun plastique à usage unique durant les JO.
Contactée, la mairie de Paris indique que 175 fontaines seront déployées dans l'espace public "contre 65 à l'été 2023", dont des systèmes brumisants. Pour les sites de festivités et de cérémonies, "l'intégration des dispositifs de zones d'ombre et de rafraîchissement est prévue dans les cahiers des charges".
Des "espaces dédiés" sur les sites de compétition
De la même manière, les abords des sites de compétition seront équipés de fontaines, "une pour 300 personnes", précise Paris 2024. En outre, selon la mairie, "le parcours spectateur a été conçu pour limiter au maximum les temps d'attente exposés au soleil" et des abris protecteurs seront mis sur pied. Les flux pourront également être "adaptés en fonction de la météo".
"Il sera possible d'acheter sur place boissons, rafraîchissements et équipements protecteurs (casquette, éventails, crèmes solaires, etc.) dans les différents points de vente proposés", ajoute la ville de Paris.
Le COJOP prévoit également d'envoyer à chaque spectateur un guide de bonnes pratiques "basiques" ainsi qu'une notification adaptée pour informer sur les températures particulières du jour du billet et des informations sur le site de la compétition.
Concernant les épreuves en intérieur, certains lieux sont déjà climatisés, d'autres le seront pour le temps des Jeux, d'autres de manière pérenne. Pour les sites à l'extérieur, Lambis Konstantinidis souligne que "des espaces pour se reposer, s'hydrater et avoir de l'air frais" seront mis à disposition du public.
Seuils de températures par sport
Une canicule risquerait-elle donc de gâcher la fête voire de mettre en danger spectateurs et athlètes? "Les réunions quotidiennes avec Météo-France permettront d'avoir, dix jours avant une épreuve, des éléments crédibles de prévision et donc d'anticiper d'éventuelles modifications", détaille Lambis Konstantinidis.
Toutefois, les organisateurs n'ont "pas d'inquiétude particulière sur la tenue des épreuves".
Lors des éditions précédentes, des épreuves ont pu être anticipées ou retardées en raison des conditions météorologiques mais jamais annulées. Dans le présent cas, chaque fédération internationale a été contactée et certaines ont transmis des seuils de vigilance et des températures au-delà desquelles il n'est pas envisageable d'organiser la compétition. "Nous avons collecté ces données et les avons intégrées dans notre calendrier", affirme Lambis Konstantinidis.
À titre d'illustration, les compétitions au Grand Palais se tiendront tôt le matin ou plus tard le soir pour réduire l'effet de serre de la grande verrière.
Un héritage environnemental des Jeux?
Paris 2024 se veut accélérateur de la transition écologique des Jeux olympiques mais également de la ville de Paris. En effet, comme l'explique le CIO, "les Jeux Olympiques sont synonymes d'héritage", notamment environnemental et urbain.
Lambis Konstantinidis l'assure: "Grâce aux Jeux, il y a une accélération de la végétalisation de la ville de Paris". Le COJOP cite notamment l'exemple du village olympique, passé "d'une zone industrielle à un quartier avec 9.000 arbres qui vont améliorer le micro-climat" ou encore la nouvelle arena de la porte de la Chapelle qui possède "plus de 6.900m² de toiture végétalisée et 1.700m² de terrasse plantée pour éviter l'effet 'îlot de chaleur'".
En outre, Paris 2024 se félicite de nombreux "gymnases qui sont rénovés" en vue des Jeux, notamment l'arena de Bercy qui va se doter d'une climatisation.
Il faudra attendre pour savoir si tout cela suffit. Néanmoins, la problématique ne se restreint pas à la seule organisation des Jeux de Paris cette année mais à l’ensemble des compétitions à l’échelle internationale.
Coupe du monde ultraclimatisée au Qatar, tour de France sous la canicule… Face au réchauffement climatique, provoqué par l'usage humain des énergies fossiles, les événements organisés en plein été feront de plus en plus face à des défis organisationnels afin de protéger spectateurs et sportifs tout en respectant des engagements climatiques.
