Cancer : un logiciel pour prévenir la rechute ?

Cancer : un logiciel pour prévenir la rechute ?

À Dijon, des chercheurs ont mis au point un logiciel qui permettrait de prédire à 85% le risque de rechute pour les patients atteints d’un cancer.

Quand les médecins parviennent à enlever une tumeur cancéreuse, le combat n’est pas totalement gagné pour autant pour le patient. Avant de parler de guérison, il faut attendre pendant cinq ans et surveiller toute éventuelle récidive. Actuellement, les professionnels de santé administrent généralement un traitement préventif aux patients. Cependant, les effets secondaires de la chimiothérapie sont importants et pour de nombreux patients, cette thérapie s’avère inutile, car il n’existait pas de risque de rechute.

Mais il n’est pas toujours possible d’identifier précisément ce risque. Pour cela, le Centre de lutte contre le cancer Georges-François Leclerc de Dijon (CGFL) travaille à mettre en place un logiciel fonctionnant sur un simple PC permettant de prédire les risques de rechute de cancer. “On voulait faire un outil informatique automatique et gratuit qui permette de savoir qui va récidiver ou pas”, explique Valentin Derangère, chercheur au CGFL.

85% de réussite

Pour cela, le logiciel gratuit QuPath, en “open-source” (accessible gratuitement et modifiable par tous), interprète des données des patients. “On lui a appris à repérer les tissus, sains ou non, puis à chercher des correspondances pour établir un diagnostic”, détaille Valentin Derangère. Le scientifique précise qu’une bibliothèque tissulaire a été constituée grâce à 35 000 segments colorés en fonction de la nature du tissu (tumeur, cellules, tissus sains, etc). Ainsi, toutes ces données permettent d’alimenter la base du logiciel. “On sait qui va récidiver sur une période de cinq ans”, rapporte le professeur François Ghiringhelli, directeur de l’unité de l’Inserm qui mène les recherches au CGFL. Et d’ajouter ensuite : “Cela permet d’isoler le petit quart de malades qui a une chance sur deux de rechuter. Ainsi, dès la chirurgie, on sait qu’à ceux-là, il faudra une chimio plus lourde. À l’inverse, on détermine les malades, environ 15 %, qui ont de très très bons pronostics et qui, donc, ne nécessitent pas de traitement après l’ablation de la tumeur”.

Grâce aux données, l’équipe médicale serait donc capable de déterminer précisément les patients qui ont besoin d’un traitement préventif ou pas. Valentin Derangère rapporte un taux de réussite de 85% d’après les résultats d’une étude menée il y a cinq ans sur 1 200 patients. Pour le moment, ce logiciel est adapté aux patients atteints d’un cancer du côlon. Avec certains développements, il serait possible de l’adapter au cancer du sein. “L’IA va révolutionner complètement la médecine : c’est l’ordinateur qui validera les pronostics du médecin”, assure le professeur Ghiringhelli. Le logiciel devrait demander son autorisation de mise sur le marché dans un an ou deux.