Cancer du sein: les États-Unis recommandent désormais aux femmes de se faire dépister dès 40 ans

Un groupe de travail américain sur les services préventifs (U.S. Preventive Services Task Force) a préconisé ce mardi que les femmes réalisent un dépistage du cancer du sein tous les deux ans à partir de 40 ans, contre 50 ans auparavant, en raison de nouvelles preuves scientifiques, alors que la prévalence de ce cancer augmente dans le pays, rapporte la NBC.

La dernière directive de ce groupe de travail, publiée en 2016, préconisait un dépistage à l'âge de 50 ans, âge fixé également pour le dépistage en France. Le groupe de travail avait toutefois déjà préconisé, il y a sept ans, que les femmes dans la quarantaine puisse parler à leur médecin de l'éventualité de se faire dépister, notamment en cas d'antécédents familiaux de ce cancer, rappellent nos confrères.

Dépistage annuel réclamé par des oncologues

Selon le groupe de travail, de nouvelles preuves scientifiques justifient un dépistage plus précoce, alors que le taux de cancer du sein chez les femmes quarantenaires a augmenté de 2% par an en moyenne entre 2015 et 2019. Selon eux, abaisser l'âge à 40 ans pourrait permettre de sauver 19% de vies supplémentaires, alors que le cancer du sein est le deuxième cancer le plus mortel aux États-Unis.

"Ils font un pas dans la bonne direction, mais je m'inquiète de la périodicité annuelle", a déclaré à la NBC le Dr Melissa Durand, professeur agrégé au département de radiologie et d'imagerie biomédicale de l'école de médecine de Yale.

Pour elle, "nous passerons à côté de cancers si nous effectuons un dépistage tous les deux ans" et pas tous les ans. D'autres groupes médicaux, comme l'American cancer society ou l'American college of radiology recommandent déjà des dépistages à partir de 40 ans, et à périodicité annuelle.

Le Dr Phoebe Freer, chef du service d'imagerie mammaire au Centre Kathryn F. Kirk, spécialiste du cancer et également cité par la NBC, estime cependant qu'un dépistage tous les deux ans ne contribuera pas beaucoup à réduire les disparités dans les résultats du cancer du sein, alors que dans le pays, les femmes noires sont 40 % plus susceptibles de mourir d'un cancer du sein que les femmes blanches.

Les personnes ayant des seins denses devraient aussi être dépistées tous les ans, selon des spécialistes.

Ces nouvelles recommandations ne sont pas encore définitives, étant d'abord soumises à une période de débat public. La plupart des assurances privées doivent couvrir les recommandations émises par l'U.S. Preventive Services Task Force.

En France, le dépistage de 50 à 74 ans...

En France, le dépistage est organisé par l'Assurance maladie tous les deux ans pour les femmes âgées de 50 à 74 ans, sans facteur de risque particulier ni symptôme apparent. Elles reçoivent par courrier une invitation à se faire dépister gratuitement.

"Les femmes ayant un risque élevé ou très élevé de cancer du sein peuvent bénéficier d'un suivi spécifique adapté à leur situation individuelle", précise toutefois l'Assurance maladie.

Le site internet de l'Institut national du cancer, qui rappelle que ce cancer est "le plus fréquent et le plus mortel chez la femme, devant celui du côlon-rectum et du poumon", avec quelque 59.000 nouveaux diagnostics et plus de 12.000 décès cette année.

"Près de 80% des cancers du sein touchent des personnes âgées de plus de 50 ans, c'est pourquoi le dépistage organisé est proposé à partir de cet âge", indique l'Institut national du cancer.

Selon cette même source, environ 10% des cancers du sein se déclarent chez des femmes âgées de moins de 35 ans, et 20% avant 50 ans, mais le cancer se développe le plus souvent autour de 60 ans.

...et examen clinique et auto-surveillance dès 25 ans

Outre ce dépistage organisé, systématiquement proposé aux femmes, il est recommandé, dès 25 ans, de faire pratiquer un examen clinique des seins à son médecin ou gynécologue tous les ans, précise le centre Gustave Roussy, spécialiste du cancer.

En plus de cela, "toutes les femmes sont aussi incitées à surveiller par elle-même l’apparition d’éventuels symptômes (boule dans le sein ou l’aisselle, modification de la peau du sein, du mamelon ou de l’aréole, écoulement…) et à procéder à l'auto-palpation régulièrement", rappelle le centre.

L'Assurance maladie préconise également de réduire ses risques de développer un cancer du sein en arrêtant de fumer, en ne consommant pas plus de deux verres d'alcool par jour et pas tous les jours, en mangeant équilibré et varié, et en pratiquant une activité physique régulière.

Article original publié sur BFMTV.com