Les camps Macron et Philippe se chamaillent froidement à l’Assemblée

POLITIQUE - Horizon brouillé. Dénonçant des « manœuvres » de leurs alliés de la majorité présidentielle et un « gâchis », les députés Horizons ont retiré ce jeudi 2 mars leur proposition de loi de lutte contre la récidive après avoir été battus à l’Assemblée sur sa mesure phare. L’article 1er prévoyait une peine minimale d’un an d’emprisonnement pour des délits de violences, commis en récidive, contre les agents publics.

Les débats qui ont duré toute la matinée ont donné lieu à de longues interventions du président (Renaissance) de la Commission des lois Sacha Houlié et du ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti, vent debout contre le texte. De quoi provoquer des échanges à fleurets mouchetés entre Philippistes et Macronistes, comme la répercussion dans l’hémicycle des nombreuses tensions en coulisses.

« Manœuvres », « coups tordus », « coups de procédure »

Le garde des Sceaux n’a pas hésité, dès le début de la séance, à accuser le groupe lié à Édouard Philippe « d’offrir une tribune à la droite extrême » à travers sa proposition. Quelques secondes auparavant, la vice-présidente de l’Assemblée Naïma Moutchou, l’auteur du texte, avait dénoncé les « inexactitudes » et les « fantasmes » des opposants à la mesure.

Trois heures et autant de suspensions de séance plus tard, la députée a annoncé que son groupe retirait sa proposition face aux « coups tordus » de ceux qui n’en veulent pas. Comprendre : La Nupes, mais surtout le MoDem et Renaissance, les deux autres composantes du camp présidentiel.

« Ça me coûte et ça coûte à mon groupe. J’étais prête au combat, argument contre argument, conviction contre conviction. J’étais moins prête aux coups tordus, je dois vous le dire les amis, aux manœuvres, aux coups de procédure… Quel gâchis », a-t-elle lâché devant l’Assemblée, dans une colère froide, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

« Nous étions attendus sur ce sujet » et « nous ne sommes pas des députés hors-sol », a encore lancé Naïma Moutchou, micro en main, promettant de « continuer à défendre (ses) conviction sur ce sujet. »

Les alliés du groupe Philippiste, Renaissance et MoDem, s’étaient effectivement prononcés contre la proposition de loi, y voyant le retour des « peines plancher » chères à Nicolas Sarkozy. La gauche était également contre, à l’inverse de la droite et du Rassemblement national. Plusieurs élus de bords différents se sont en revanche accordés pour dénoncer une forme d’« obstruction » aux propositions du parti présidé par Édouard Philippe.

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