Campagne de prévention contre l’alcool : « La frustration n’est pas “entendable” par les jeunes »

« Ne pas être moralisateur, s’emparer de situations réelles et partager des recommandations pratiques », quitte à faire part de ses propres retours d’expérience, recommande  Jean-Pierre Couteron, psychologue-addictologue et président de l’association Oppélia.  - Credit:CHRISTIAN THIELE / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP
« Ne pas être moralisateur, s’emparer de situations réelles et partager des recommandations pratiques », quitte à faire part de ses propres retours d’expérience, recommande Jean-Pierre Couteron, psychologue-addictologue et président de l’association Oppélia. - Credit:CHRISTIAN THIELE / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP

« Boire aussi de l'eau si l'on consomme de l'alcool, c'est la base » ; « Appeler direct les secours si ton pote est en bad, c'est la base » ; « Penser à manger avant de boire, c'est la base »… La campagne de prévention de Santé publique France, intitulée « C'est la base », déployée du 25 septembre au 8 novembre, a suscité la polémique sur les réseaux sociaux et interpellé nombre de professionnels de santé et associations de lutte contre les addictions. La teneur des messages, estiment-ils, inciterait plus à un encadrement de la consommation d'alcool qu'à sa réduction.

« Voici donc la campagne sur l'alcool qui a franchi la censure élyséenne. Les alcooliers peuvent être tranquilles : elle ne contient aucun message de réduction de consommation. Du jamais-vu », tweetait ainsi Bernard Jomier, médecin généraliste et sénateur écologiste, au premier jour de sa diffusion. Or, la controverse repose sur un malentendu, estime Philippe Batel, psychiatre, directeur du service d'alcoologie de l'hôpital Beaujon (Clichy) et administrateur de Santé publique France. « Il ne s'agit en aucun cas de banaliser la consommation d'alcool, ce qu'expose cette campagne porte un nom : la “réduction des risques et dommages” », expose-t-il.

Souvent ces méthodes sont suspectées d'être une incitation à consommer, rappelle le spécialiste. La stratégie serait pourtant pertinente. Particulièrement au vu du public visé par cette dernière : les 17-25 ans. Une catégorie de la population chez qui l [...] Lire la suite