Camille de Toledo, la douleur en héritage

"Le passé dure longtemps, il contamine à petit feu et continue de tuer quand les causes ont disparu", écrit Camille de Toledo, le Thésée de ce livre poétique et intense. En 2012, il a pris le train pour l'Est avec ses trois enfants, pensant tenir à distance, en s'installant à Berlin, le souvenir de ses proches décédés, surtout celui de son frère Jérôme, suicidé en 2005. Mais, là-bas, le passé continue de le blesser : sans aucune explication médicale, le corps de Thésée se met à souffrir et à se tordre. Ce mal, il le sent, prend sa source au cœur des traumatismes familiaux. Le labyrinthe que Thésée doit arpenter pour terrasser son Minotaure n'est pas horizontal mais vertical : il lui faut plonger aux racines.

En quittant Paris, l'écrivain a pris trois cartons d'archives familiales. Cent ans de vies consignées dans des carnets, des lettres, des photographies, dont certaines sont reproduites dans les pages de l'œuvre.

Tragédies familliales

On y suit la trace de ses parents, baby-boomeurs absorbés par une ascension sociale triomphante teintée d'angoisse et de culpabilité. On y découvre le grand-oncle, Oved, enfant chéri qu'une fièvre emporta en 1937. Deux ans plus tard, son père se suicidait. Cet arrière-grand-père, Talmaï, était le frère de Nissim, qui mourut dans les tranchées, en 1918.

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