Cameron annonce un effort de 12 milliards de livres pour la défense

par Kylie MacLellan et Sarah Young LONDRES (Reuters) - La Grande-Bretagne va augmenter ses dépenses dans le secteur de la défense face à la menace croissante des islamistes radicaux, a déclaré lundi David Cameron, en insistant sur la nécessité de disposer de forces de réaction rapide à la lumière des attentats du 13 novembre en France. Après s'être rendu à Paris dans la matinée pour affirmer le soutien de la Grande-Bretagne à la France après ces attentats, qui ont fait 130 morts, le Premier ministre britannique a exposé devant le Parlement à Londres un plan quinquennal dont l'une des conséquences sera un investissement supplémentaire de 12 milliards de livres (environ 17 milliards d'euros) sur les 10 ans à venir pour porter les dépenses de sécurité et de défense à 178 milliards de livres. Ce livre blanc sur la Défense, qui prévoit notamment l'achat de huit bateaux à BAE Systems et de neuf avions de surveillance maritime à Boeing, inclut aussi une réduction de 30% des effectifs civils du ministère de la Défense pour éviter tout dérapage budgétaire. "Comme les meurtres dans les rues de Paris nous le rappellent si crûment, (l'Etat islamique) n'est pas une espèce de problème lointain à des milliers de kilomètres de distance, c'est une menace directe pour notre sécurité chez nous et à l'étranger", a dit David Cameron. Détaillant la liste des dépenses nouvelles, notamment les fonds consacrés aux services de renseignement et la priorité accordée aux Etats fragiles dans la distribution de l'aide étrangère, le Premier ministre conservateur a ajouté: "Aucune de ces capacités n'est un supplément optionnel, ces investissements constituent un acte relevant de l'intérêt clairvoyant pour garantir notre prospérité et notre sécurité futures." La Grande-Bretagne veut être en mesure de réagir rapidement aux crises et le gouvernement va mettre en place un nouveau dispositif d'urgence face aux attentats, doté de 10.000 militaires d'astreinte. INVESTISSEMENT DANS LES DRONES Ce livre blanc souligne que les avions de ligne demeurent une cible privilégiée des auteurs d'attentat et que certains groupes, tels que l'Etat islamique, chercheront à se doter d'un arsenal chimique, biologique et radiologique. David Cameron a annoncé que la Grande-Bretagne allait acheter neuf avions de surveillance maritime P-8 Poséïdon construits par Boeing pour contribuer à la protection de sa force de dissuasion nucléaire. Ces appareils sont censés pallier l'abandon en 2010 du programme d'avion-espion Nimrod, une décision vivement critiquée. Le gouvernement va aussi acheter au moins 13 nouvelles frégates pour la Royal Navy, dont huit seront des "Types 26" conçus par BAE Systems. La Grande-Bretagne se dotera aussi d'ici 2025 de deux brigades d'intervention rapide de 5.000 soldats chacun. Ses chasseurs Typhoon vont être modernisés pour accroître de dix ans leur durée de vie, ce qui aura pour effet de constituer deux escadrilles supplémentaires. Londres va aussi investir dans de nouveaux drones de surveillance et accélérer l'acquisition de chasseurs F-35 Lightning II auprès de Lockheed Martin, dont 24 devront être déployés sur les porte-avions britanniques d'ici 2023 dans le cadre d'une commande totale de 138 appareils. Dans son livre blanc, le gouvernement précise que le coût de remplacement des sous-marins nucléaires devrait atteindre 31 milliards de livres, soit six milliards de plus que l'estimation précédente. Ce plan pluriannuel vise à garantir que le pays soit apte à contrer toutes les menaces, qu'elles soient conventionnelles, non-étatiques ou en relation avec la cyberguerre. "Nous ne pouvons pas opérer un choix entre des défenses conventionnelles contre des menaces étatiques et la nécessité de contrer des menaces qui ne connaissent pas de frontières nationales. Aujourd'hui, nous faisons face aux deux, et nous devons répondre aux deux", souligne David Cameron. Son ministre des Finances, George Osborne, a pour sa part annoncé dimanche que la Grande-Bretagne comptait augmenter de 30% ses dépenses consacrées à la lutte antiterroriste. (Avec Tim Hepher; Henri-Pierre André et Bertrand Boucey pour le service français)