Camélia Jordana : "Il y a un énorme travail de décolonisation à faire dans ce pays"

Camélia Jordana évoque, depuis le festival du film francophone d'Angoulême, son engagement et les combats qui l'animent.

Camélia Jordana est sur tous les fronts. Présente au festival du film francophone d'Angoulême où elle défend deux films, Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait, d'Emmanuel Mouret et Parents d'élèves de Noémie Saglio, elle évoque pour BFMTV son engagement contre les violences policières et ses combats.

"Mon engagement fait partie de mon quotidien, lance-t-elle. C'est un peu ma manière de réagir à toutes les injustices et aux colères qui m'habitent".

Et si l'actrice et chanteuse est apparue récemment sur des plateaux de télévision, ou dans des manifestations en soutien à la famille d'Adama Traoré, son engagement n'est pas récent. "J'ai toujours dit les mêmes choses, assure-t-elle. Dans mon album Lost [sorti en 2018, ndlr], je parlais déjà de violences policières, du féminisme, d'écologie".

"Je suis descendante de résistants"

Ce souci constant de combattre les injustices, elle le puise dans ses racines et dans "le fait que [ses] deux grands-pères aient été emprisonnés par les Français, après s'être battus pour la France, et qu'ils aient été arrêtés en étant du FLN [ndlr: Front de libération nationale, mouvement indépendantiste algérien, fondé en 1954]".

"Je suis descendante de résistants et je suis descendante d'Algériens, donc de gens qui ont été colonisés par le pays dans lequel je vis, que je considère être mon pays, dans lequel j'ai grandi, dans lequel je suis née, dont j'ai appris l'histoire à l'école".

"C'est à ma génération de s'adresser au gouvernement"

"Je pense qu'il y a un énorme travail de décolonisation à faire dans mon pays, qui n'a pas été fait, enchaîne-t-elle. Je crois que c'est à ma génération de s'adresser aux autorités, au gouvernement, à mes compatriotes. Je crois que si on commence à faire ce travail-là, les folies qui se passent dans ce pays-là, avec le temps, pourront peut-être guérir".

L'actrice est apparue en juin dernier au côté d'Assa Traoré, soeur d'Adama Traoré, mort en juillet 2016 lors d'une interpellation par les gendarmes dans le Val-d'Oise. Elle y a entonné plusieurs chansons, dont le très emblématique We shall overcome, hymne de la bataille des noirs américains pour les droits civiques.

Fin mai, Camélia Jordnana avait suscité une polémique, en déclarant sur le plateau de On n'est pas couché ne pas se sentir "en sécurité face à un flic en France". Christophe Castaner, alors ministre de l'Intérieur avaient condamné "sans réserve" ces propos. Le syndicat policier Alliance police nationale avait dénoncé des "accusations inadmissibles envers les policiers".

Article original publié sur BFMTV.com

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