En Californie, les “écureuils de la radio” redonnent vie au morse

En janvier 1997, les gardes-côtes français transmettaient leur dernier message en morse : “À tous. Ceci est notre dernier cri avant notre silence éternel.”

Les navires en détresse ont envoyé des “ti” et des “ta” depuis l’époque du Titanic jusqu’à celle de Titanic. Ils pouvaient être déchiffrés presque instantanément par des opérateurs radio situés à des milliers de kilomètres.

Dans une station radio amateur à l’université Stanford, en 2006. La communication en morse se fait par séries d’impulsions courtes et longues. Les 26 lettres de l’alphabet sont codées sur quatre signaux au maximum, le “e” d’un simple point.. PHOTO PETER DASILVA/THE NEW YORK TIMES
Dans une station radio amateur à l’université Stanford, en 2006. La communication en morse se fait par séries d’impulsions courtes et longues. Les 26 lettres de l’alphabet sont codées sur quatre signaux au maximum, le “e” d’un simple point.. PHOTO PETER DASILVA/THE NEW YORK TIMES

Utilisé pour la première fois en 1844 pour envoyer des messages par voie terrestre, le morse a survécu au télégraphe en devenant la lingua franca de la mer.

Réactivée par des passionnés

Mais à la fin du XXe siècle, la radio par satellite en a fait une langue en voie de disparition.

En février 1999, il a officiellement cessé d’être utilisé pour les communications maritimes.

Nichée dans le Point Reyes National Seashore, [une zone protégée] au nord de San Francisco, KPH Maritime Radio est la dernière station radiotélégraphique opérationnelle en Amérique du Nord.

Composée de deux bâtiments distants de 40 kilomètres, elle veillait autrefois sur le Pacifique et l’océan Indien.

Le site de la station radiotélégraphique KPH Maritime Radio, la dernière opérationnelle en Amérique du Nord, située en Californie, en juillet 2011.
“La radio par satellite a fait [du morse] une langue en voie de disparition”, souligne le magazine américain “The Atlantic”.. PHOTO JIM WILSON/THE NEW YORK TIMES
Le site de la station radiotélégraphique KPH Maritime Radio, la dernière opérationnelle en Amérique du Nord, située en Californie, en juillet 2011. “La radio par satellite a fait [du morse] une langue en voie de disparition”, souligne le magazine américain “The Atlantic”.. PHOTO JIM WILSON/THE NEW YORK TIMES

Les deux sites ont fermé en 1997 mais quelques années plus tard, deux passionnés de radio les ont fait revivre. L’équipe s’est un peu agrandie au fil des ans.

Ses membres se sont donné le nom de “radio squirrels” [les “écureuils de la radio”].

Tous les samedis, ils émettent des informations et des bulletins météorologiques, et reçoivent quelques messages.

Bill Ruck, ici en juillet 2011, est l’un des “écureuils de la radio” de la station KPH Maritime Radio. Il lit un message sur un téléscripteur, une machine qui imprime sur du papier les signaux reçus en morse.. PHOTO JIM WILSON/THE NEW YORK TIMES
Bill Ruck, ici en juillet 2011, est l’un des “écureuils de la radio” de la station KPH Maritime Radio. Il lit un message sur un téléscripteur, une machine qui imprime sur du papier les signaux reçus en morse.. PHOTO JIM WILSON/THE NEW YORK TIMES

Ils communiquent principalement avec le Jeremiah O’Brien, un navire de la Seconde Guerre mondiale amarré en permanence dans le port de San Francisco.

“C’est un peu comme du jazz”

Pour envoyer un message, ils codent chaque lettre en pianotant sur une machine surnommée “the bug” [“l’insecte”]. Il en résulte un fort bruit de crépitement qui emplit tout le bâtiment.

Comme me dit Hermes, “c’est un peu comme le jazz”, une musique faite de rythmes et de pulsations, avec des nuances différentes selon son interprète.

Certaines machines, imposantes, datent de la Seconde Guerre mondiale. Les “écureuils de la radio” les réparent eux-mêmes, en cherchant sur eBay les pièces de rechange pour les modèles les plus récents.

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