Calais : des députés insoumis verbalisés pour avoir donné de la nourriture aux migrants

Ugo Bernalicis et Mathilde Panot verbalisés pour avoir donné de la nourriture à des migrants à Calais.

Depuis le 10 septembre, l’État a décidé d'interdire la distribution de nourriture aux migrants pour toute association non-mandatée. Une décision largement critiquée.

Une amende pour avoir donné de la nourriture aux migrants réfugiés à Calais (Pas-de-Calais). Plusieurs députés de La France Insoumise ont été verbalisés, ce vendredi 25 septembre, pour avoir participé à une maraude.

Parmi eux, la députée Mathilde Panot, qui explique lors d’un point presse organisé sur place, avoir été verbalisée d’une amende de 135 euros “pour avoir donné des sacs avec du pain, des fruits, des oeufs (...) Sur l’amende il y a marqué que les faits reprochés sont ‘un sac contenant des produits alimentaires”, relève d’ailleurs Mathilde Panot.

Car depuis le 10 septembre, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a décidé en concertation avec la maire LR de la ville Natacha Bouchart d’interdire la distribution de nourriture aux migrants dans le centre de Calais.

Interdits pour “mettre fin aux troubles à l’ordre public”

“Il est interdit toute distribution gratuite de boissons et denrées alimentaires [...] pour mettre fin aux troubles à l’ordre public et limiter les risques sanitaires liés à des rassemblements non déclarés”, détaillait la préfecture, précisant que ces distributions de repas sont "caractérisées par le non-respect des mesures de distanciation sociale dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 [...]" La préfecture a également ajouté qu'elles "créent des nuisances et que des déchets sont laissés sur place."

C’est pour dénoncer cet arrêté que Mathilde Panot, Manon Aubry, Anne-Sophie Pelletier et Ugo Bernalicis se sont rendus sur place. “Cet arrêté voulu par Gérald Darmanin criminalise l’assistance à personne en danger, qui est une obligation dans notre pays, et criminalise toute l’action associative”, poursuit Mathilde Panot, députée du Val-de-Marne.

“Un délit de solidarité a été crée”

“L’objectif, c’est d’intimider tous ceux qui viennent en aide aux migrants, les associations. Aujourd’hui, il y a un délit de solidarité qui a été créé. De manière plus générale, cela va dans l’objectif du gouvernement de nettoyer les centres-villes et qu’il y ait de moins en moins de migrants”, poursuit la députée européenne Manon Aubry.

Des associations dénoncent le “harcèlement des défenseurs des droits des migrants”

L’arrêté avait suscité la colère de plusieurs associations : "Il est urgent que les autorités françaises reviennent sur leur décision", ont estimé entre autres Amnesty International, Médecins sans frontières ou encore Médecins du monde lors de la publication de l’arrêté. Cette décision "est une nouvelle démonstration du harcèlement dont font l'objet les défenseurs des droits des migrants dans la région", a regretté Amnesty International.

"En interdisant l'action humanitaire des citoyens, c'est la fraternité et la solidarité (...) qui sont foulées aux pieds. C'est intolérable", a ajouté Véronique Fayet, présidente du Secours Catholique-Caritas France.

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