Les « cafés mortels », une autre façon de parler du deuil

Les participants au « café de la mort » organisé à Nantes (Loire-Atlantique), le 7 septembre 2023.  - Credit:
Les participants au « café de la mort » organisé à Nantes (Loire-Atlantique), le 7 septembre 2023. - Credit:

Le lieu, niché dans une rue sans commerce, se veut intimiste. Ce soir-là, une douzaine de personnes poussent la porte, parfois avec timidité, de ce petit salon de thé nantais spécialement ouvert pour l'occasion. Le groupe – qui ne compte qu'un homme – prend place autour d'une grande tablée aux chaises dépareillées. Les convives ont choisi un thé glacé ou de l'eau pétillante, l'« apéro de la mort » – un nom déposé – peut commencer.

« C'est un temps libre et sans jugement, pour déposer ce dont on a envie et parler sans obligation », instaure d'emblée Marine Nina Denis, co-organisatrice de l'événement et accompagnante de fin de vie – désormais aussi appelée thanadoula (mélange de « Thanatos [mort] » et « doula [personne qui apporte du soutien] »). Pendant deux heures, les participants, qui ne se connaissent pas, vont échanger sur la mort et le deuil.

Le concept d'« apéro » ou « café mortel », selon le moment de la journée, vient de Suisse, pensé par l'anthropologue Bernard Crettaz, décédé en 2022. Ces rendez-vous, organisés par des associations ou des professionnels indépendants, se répandent dans toujours plus de villes alors que 88 % des Français déclaraient, en 2021, avoir vécu un deuil qui les a particulièrement affectés, selon une enquête du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie.

« Sortir la mort du placard »

Sourire aux lèvres, Marine Nina Denis invite chacun à se présenter avant d'ouvrir la discussion. « Pourquoi voulez-vo [...] Lire la suite