Ça commence aujourd'hui - "N'importe quoi !", "Ça me fait penser aux Pelissard", "Qu'est-ce qui a pris à Faustine ?" : une émission consacrée à la pornographie choque les internautes

Ce mardi 19 mars, sur France 2, Faustine Bollaert et les équipes de "Ça commence aujourd'hui" ont souhaité aborder un sujet inédit et peu conventionnel : la pornographie, vue par trois femmes qui ont choisi d'y consacrer leur métier. Choix de vie, conditions de travail, rémunération, fonctionnement parfois obscur des plateformes du web, si l'émission a parcouru plusieurs thèmes avec pédagogie et sans tabou, sa diffusion à une heure de grande écoute a choqué de nombreux internautes.

Ce mardi 19 mars, Faustine Bollaert et les équipes de
Ce mardi 19 mars, Faustine Bollaert et les équipes de "Ça commence aujourd'hui" ont abordé un thème inédit et peu conventionnel : la pornographie. (Capture d'écran France 2)

Un thème inédit et un univers peu conventionnel. Depuis plusieurs années, avec les nouvelles technologies et l'évolution du web, l'industrie du X a pris un nouveau visage. Les codes ont changé et les femmes sont de plus en plus nombreuses à se laisser tenter par la monétisation de leur corps sur les réseaux. Dans une émission intitulée "Pornographie : quel chemin les a menées vers les films pour adultes ?", Faustine Bollaert et les équipes de "Ça commence aujourd'hui" ont souhaité s'intéresser aux choix de trois femmes venues sur le plateau afin de parler de leurs métiers, des risques qu'elles encourent et de l'encadrement de cette activité loin d'être anodine. L'émission s'est voulue sans tabou et, avant de donner pleinement la parole à ses trois invitées, Faustine Bollaert, accompagnée de la psychologue Natacha Espié, a souhaité adresser un propos en guise d'introduction : "Vous savez c'est compliqué de faire cette émission parce que j'ai envie de vous donner la parole dans la réalité, c'est-à-dire dans la réalité de ce que vous êtes et de ce que vous avez envie de nous raconter, à savoir qu'en effet cela a été un choix éclairé : il n'y a pas forcément de souffrance dans ce que vous nous racontez et puis, forcément, je ne peux pas ne pas penser aux jeunes filles qui nous regardent en me disant que je ne veux pas faire de prosélytisme pour qu'elles aient envie d'embrasser ces carrières. Et il y a aussi des personnes qui nous regardent qui doivent se dire 'je ne pense pas qu'on puisse être travailleuse du sexe par choix' et il y a forcément une souffrance derrière et on est forcément désespéré pour faire ce métier..." Vera, Maryline et Émilie, les trois invitées du jour, ont ensuite pu se présenter.

VIDEO - Découvrez la Minute de Faustine Bollaert

"Il faut arrêter de banaliser ce sujet..."

Première à témoigner cet après-midi, Vera, 32 ans, se présente comme une travailleuse du sexe virtuel qui a mis du temps avant d'aimer son corps. Petite, Vera se faisait harceler à l'école et a toujours été sexualisée. Après une opération de réduction de poitrine à 20 ans, la jeune femme avait besoin de reprendre confiance en elle et de se réapproprier son corps. Elle s'est alors inscrite sur des sites de dicussion pour échanger, avec sa webcam. Après voir été bannie à cause de ses décolletés, une personne lui a suggéré de s'inscrire sur d'autres plateformes sur lesquelles elle pourrait se montrer et même gagner de l'argent. Shows publics puis shows privés, au fil du temps, Vera s'aperçoit que le nombre d'abonnés et de spectateurs ne fait que s'accroître. Le début d'une carrière qu'elle partagera avec son mari avec lequel elle évoluera plus tard dans le milieu libertin. Aujourd'hui pleinement épanouie, il lui arrive de créer des contenus avec des collègues ou des connaissances, hommes comme femmes. Son témoignage a également été l'occasion pour elle d'alerter sur les revenus que l'on peut espérer en tant que travailleuse du sexe et des dangers inhérents à ce métier : "Il faut savoir que le travail du sexe n'est pas la clé à de l'argent facile (...) Parfois c'est beaucoup d'investissement pour pas beaucoup d'argent. (...) Je n'en peux plus de ces jeunes filles qui viennent vers moi en disant 'allez, je publie des petites photos de moi, ça va passer' mais en fait, elles oublient toute la stygmatisation, qu'Internet n'oublie jamais, les photos et vidéos peuvent être volées..."

Maryline, 31 ans, est quant à elle une jeune maman créatrice de contenus pour adultes. Pour elle, son nouveau métier est un choix personnel et une véritable envie de couple. En effet, depuis deux ans, la jeune femme a décidé de changer de vie : après une carrière de secrétaire, elle s'est lancée dans son activité sur des plateformes. Comment expliquer ce choix ? Alors qu'elle menait une vie de famille classique et routinière, son mari a émis l'idée de pimenter sa vie de couple en se lançant sur des plateformes privées. Après un moment de réflexion, la jeune femme, qui manquait énormément de confiance en elle, a décidé de se lancer sans vraiment réfléchir dans ce jeu érotique avec son mari. Finalement, le couple s'est aperçu que plusieurs personnes s'abonnaient à son compte et, plus tard, est venue l'idée de passer à l'étape supérieure : photos en lingerie, photos de nu puis des vidéos seule et enfin avec son mari.

Émilie, 38 ans, est une maman de deux enfants qui évolue dans le monde pornographique depuis 20 ans. Elle milite pour "un porno éthique", afin d'encadrer les conditions de travail des actrices pornographiques. Ancienne actrice reconnue en France et à l'international, Émilie produit et réalise aujourd'hui des films pour adultes. Dans son interview, l'invitée a expliqué que le monde du X n'avait rien à voir avec quelque chose d'anodin. Pour elle, à l'ère des plateformes privées, il est plus que nécessaire d'apporter un message de prévention. "Aujourd'hui, malgré moi, je cumule 5 milliards de vues sur des plateformes gratuites illégales" a-t-elle confié à Faustine Bollaert.

Si cette émission a permis d'analyser concrètement les coulisses de métiers encore tabou, le choix de ce thème et l'heure de diffusion ont choqué de nombreux internautes...