"C’est une vraie légende du PSG": l’hommage de Pauleta à Mbappé avant sa dernière au Parc des Princes

Pedro Miguel Pauleta, qu’avez-vous ressenti en voyant le message d’adieux de Kylian Mbappé au PSG?

En tant que supporter du Paris Saint-Germain, étant quelqu’un qui aime le foot, bien sûr que je suis triste. Mais le football, c’est comme ça. Kylian a fait partie de l’histoire du Paris Saint-Germain. C’est un phénomène. C’est un joueur qui a marqué le club. Mais le football, c’est comme ça. Le club continue. Paris a déjà eu des grands joueurs qui sont partis. Quand il y a un joueur comme Kylian, c’est bien de l’avoir dans ton équipe, mais il a choisi de partir et on doit tous respecter sa décision. J’espère qu’il va bien terminer sa fin saison, avec la Coupe de France. J’espère qu’il va gagner un titre de plus pour le PSG. Mais bien sûr que je suis triste. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup.

Kylian Mbappé est-il une légende du PSG?

Bien sûr. Il a passé sept ans au Paris Saint-Germain. Il a marqué beaucoup de buts, il a gagné beaucoup de titres. C’est vrai que tout le monde attendait la Champions League, il n’a pas réussi à la gagner. Mais sincèrement, je pense que c’est une vraie légende du club. C’est un joueur jeune, il a encore beaucoup d’années devant lui pour jouer au football. Mais tout ce qu’il a fait au PSG, c’était exceptionnel.

Les supporteurs parisiens donnent l’impression de se reconnaître plus en vous qu’en Kylian Mbappé. Avez-vous également cette sensation?

Non, non, je ne pense pas. Je sais ce que j’ai fait au PSG. J’ai tout donné pour le club. J’ai marqué des buts (109). J’ai marqué les supporteurs. C’était ma façon d’être dans la vie et dans le football, je suis comme ça. Mais Kylian aussi, peut-être d’une autre manière, a marqué le club et les supporteurs. La différence, c’est que moi j’ai quitté le Paris Saint-Germain à la fin de ma carrière. Lui, il va partir à 25 ans.

Kylian Mbappé a lui-même admis qu’il n’a pas toujours fait le nécessaire pour entretenir une relation fusionnelle avec le public parisien…

En tant que supporter du PSG, il y a une chose que je demande aux joueurs, c’est le respect pour le club. Paris est un club spécial, qui marque la vie de n’importe quel joueur qui passe dans ce club. Le minimum, c’est que tout le monde respecte le club et les supporteurs. Les supporteurs sont intelligents. Ils savent quand un joueur donne tout et respecte le club. C’est le plus important pour que ce grand club qu’est le Paris Saint-Germain continue à grandir.

Vous avez évolué au PSG entre 2003 et 2008. Quand est véritablement née votre histoire d’amour avec ce club?

Le club et les supporteurs attendaient beaucoup de moi dès que je suis arrivé (en provenance de Bordeaux, NDLR). Mais si je peux choisir un match, c’était le premier contre Marseille (2-1, en avril 2004). C’était mon premier Classique (au Parc des Princes). Je marque deux buts, dont ce fameux but contre Barthez, dont tout le monde parle encore aujourd’hui. Je crois qu’à partir de ce jour-là, j’ai commencé à voir que c’était un club spécial. J’avais envie de jouer au PSG. Tout le monde m’avait dit que c’était un club différent. C’est vrai que ce club marque n’importe quel joueur. Il suffit de parler avec tous les grands joueurs qui sont passés au PSG, ils sont tous d’accord pour dire que c’est un club spécial. C’est dans une grande ville comme Paris. Le stade est mythique, différent de tous les autres, avec son public.

Quel accueil souhaitez-vous que le Parc des Princes réserve à Kylian Mbappé pour son dernier match à domicile avec le PSG, ce dimanche soir contre Toulouse en Ligue 1?

Le meilleur. Le meilleur possible. Les supporteurs savaient que cette décision était prise pour le joueur. Le public était magnifique cette saison. J’ai eu l’opportunité de voir le match contre Dortmund (0-1 en demi-finale retour de la Ligue des champions, NDLR). Le public était 95 minutes derrière l’équipe. A la fin du match, même avec l’élimination, le public était derrière les joueurs. C’est ça que j’espère. Toute l’équipe et le staff méritent ça, Kylian aussi. Il mérite de faire ses adieux au PSG avec un grand match, des buts si possible, et les supporteurs qui chantent son nom. Je pense qu’il le mérite.

Quels conseils lui donneriez-vous pour gérer un moment si particulier?

C’est difficile de donner des conseils à un joueur de ce talent-là. Qu’il donne le maximum pour l’équipe, comme il l’a fait jusqu’à maintenant et qu’il fasse la différence sur le terrain. Un joueur du PSG doit faire la différence à chaque match. Paris est aujourd’hui le grand favori du championnat de France et de la Coupe de France chaque année. Ils ont l’obligation de gagner des titres pour que Paris continue à grandir, en étoffant son palmarès en France, et continuer à travailler pour arriver un jour à décrocher cette Champions League qu’on attend.

Vous avez-vous-même fait vos adieux au Parc des Princes le 10 mai 2008, lors d’un PSG-Saint-Etienne (un montage de cette soirée émouvante est diffusé à l’antenne)…

Ça me fait pleurer. J’ai des frissons maintenant. C’était un moment difficile. Le match le plus difficile à jouer de ma carrière. C’était mon dernier au Parc. On avait besoin de gagner pour rester en Ligue 1. J’avais envie de tout faire dans ce match. C’est dommage qu’on ait fait match nul (1-1), je n’ai pas marqué, mais j’ai eu une sensation que je n’oublierai jamais de ma vie, celle d’avoir 45.000 personnes derrière moi.

Quels souvenirs gardez-vous de ce dernier match à Paris?

Ça a été un moment très difficile pour moi. Déjà, arrêter ma carrière. Je savais que ça serait mon dernier match avec le PSG sur cette pelouse. Je savais que c’était mon dernier match avec plus de 45.000 personnes qui chantaient mon nom. Les gens étaient tristes aussi, mais en même temps contents d’être derrière moi. Sincèrement, c’est pour ça que je dis que le Paris Saint-Germain est un club spécial. Les supporteurs de ce grand club sont toujours spéciaux. Ça fait 16 ans que j’ai arrêté ma carrière, et chaque fois que je viens à Paris, que je suis avec le club au Parc, j’ai la sensation d’être parti hier. Les gens sont toujours très gentils avec moi. Je crois que le PSG m’a donné plus que ce que j’ai donné au club. C’est vrai qu’il y a une union très forte entre moi et ce club.

Pensez-vous que peut-être, contrairement à vous, Kylian Mbappé n’a pas assez clamé son amour du PSG?

Ce sont deux personnalités différentes. Il a 25 ans. J’avais 30 ans quand je suis arrivé au PSG, j’avais 35 ans quand je suis parti. On ne peut pas comparer. Ce sont des situations différentes. Je n’ai pas envie d’aller sur ce terrain-là. Je préfère dire que Paris a eu un joueur phénoménal dans son équipe pendant sept ans, qui va partir et qu’on devrait tous applaudir pour ce qu’il a fait pour le PSG. Mais la vie du club va continuer. Je le dis toujours: le PSG est plus important que n’importe quel joueur. Kylian va partir. On a eu des joueurs phénoménaux comme Raï, Ronaldinho, George Weah. Tous sont partis et le club a continué. Le plus important, c’est le club et les supporteurs. Les joueurs, aujourd’hui ils sont là, demain ils vont partir. Il en arrivera d’autres qui vont faire rêver le public aussi.

Aimeriez-vous que Kylian Mbappé fasse un discours d’adieux au milieu du terrain?

Oui, bien sûr. C’est un joueur qui a marqué l’histoire du club. S’il a envie de faire ça, ce serait important que lui aussi remercie le public et le club pour tout ce qu’ils lui ont donné. Dans une équipe de football, tu donnes au club et le club te donne aussi. Je crois que les deux dont du mérite.

Comment avez-vous vécu la défaite face à Dortmund en demi-finale retour de Ligue des champions?

On ne peut pas analyser uniquement un match. Il y a eu deux matchs. Paris a frappé six fois les poteaux. Dans une demi-finale, tu n’arrives pas à marquer un but. Quand c’est comme ça, c’est difficile de gagner. Si on avait marqué un ou deux buts au lieu des poteaux, ça aurait été suffisant pour qu’on en parle différemment aujourd’hui. Je suis très fier de l’équipe du PSG cette année, parce que j’ai vu toute la saison une vraie équipe de football. Sans joueurs plus importants que les autres. Avec un coach (Luis Enrique) qui a donné de la responsabilité à tous les joueurs de son effectif. Et ça, pour moi, c’est le plus important. Après, bien sûr, c’est dur d’être éliminé contre Dortmund. On attendait beaucoup, mais c’est le football. Je suis sûr qu’un jour le Paris Saint-Germain va gagner cette Champions League. On va patienter un peu plus.

Trouvez-vous que l’équipe du PSG a progressé cette saison?

Oui. Je crois que oui. En championnat, le coach a traité les joueurs de la même manière, et ça c’est important pour faire grandir une équipe. C’est nécessaire de donner du temps pour continuer à laisser grandir cette équipe. Deux ou trois joueurs vont sûrement arriver la saison prochaine et apporter quelque chose de plus à l’équipe. Et pourquoi pas, l’année prochaine, être tous un peu meilleurs que cette année.

Si Kylian Mbappé revient au PSG dans sept ans, vous accepteriez de revenir aussi sur le terrain?

J’espère qu’il pourra revenir au club. Même avant, pourquoi pas. Le PSG aujourd’hui a la capacité de faire venir n’importe quel joueur. Si lui a envie de revenir et que le club a envie de jouer dans notre club, pourquoi pas. Kylian, c’est un phénomène. Moi? (sourire) Je ne peux pas jouer à ce niveau (il a 51 ans ndlr). Déjà, mercredi, je vais être à Bordeaux pour l’anniversaire du stade. Ça va me faire plaisir de jouer avec ce maillot et des anciens joueurs. Ce serait bien de retourner sur la pelouse du Parc, ce serait génial mais je ne crois pas (rires).

Article original publié sur RMC Sport