«C’est la vie», deuil pour deuil

Réunis par le metteur en scène Mohamed El Khatib, deux comédiens évoquent sans pathos la perte d’un enfant.

«Ça t’a plu ?» : Voici une question qu’on ne peut pas poser lorsqu’on sort de C’est la vie, le dernier spectacle de Mohamed El Khatib, joué peu de temps après la création de Stadium (qui suscite des débats passionnés), et juste avant celle de Conversation entre Mohamed El Khatib et Alain Cavalier où les deux documentaristes interrogeront sur scène leur pratique. «Ça t’a plu ?» répète une voix intérieure maintenant qu’on lui a dit de se taire, et voici qu’on se refuse à lui répondre. Non qu’on n’ait pas adhéré au spectacle. Ou qu’on ait souffert de distraction.

Posture. Au contraire, comme l’ensemble de la salle, on a été concentré, avide de recueillir la moindre expression de Fanny Catel et de Daniel Kenigsberg, 37 et 61 ans, assoiffé de leurs paroles, et jouant le jeu du dispositif qui suppose qu’à certains moments, on lise pendant quelques minutes le guide pratique de C’est la vie, qu’à d’autres, ce soit une vidéo qui capte notre attention, montrant l’acteur, filmé chez lui et en différé, pendant qu’il reste sur le plateau. Puis qu’on revienne à la parole directe des deux comédiens, à leur posture - l’une toujours très droite, presque souriante, tandis que l’autre se rétracte parfois fugacement et laisse entrevoir son désarroi - , sur le plateau vide.

Fanny Catel et Daniel Kenigsberg ont en commun d’être acteurs, c’est leur métier, et ils jouent ici leur propre rôle. «Ça te plaît de les regarder, ça t’intéresse d’écouter leurs histoires ?» Il faudrait que la voix intérieure stoppe impérativement ses questions. Ou qu’on puisse lui répondre que ce n’est pas le problème, que la réussite du dernier opus d’El Khatib ne s’évalue pas en terme de plaisir. Et voici qu’on se surprend à n’employer ni le mot «spectacle», ni celui de «création», mais le terme latin un brin pédant d’«opus», qui a l’avantage de faire savant et d’être neutre,quoi qu’il laisse entendre que (...)

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