César 2023 : Léa Drucker revient sur la cérémonie et l’interruption par une activiste écolo

Ahmed Sylla et Léa Drucker, ici lors de la 48e cérémonie des César, vendredi 25 février.
Ahmed Sylla et Léa Drucker, ici lors de la 48e cérémonie des César, vendredi 25 février.

CINÉMA - La censure, lors de la dernière cérémonie des César, d’une activiste du climat continue de faire débat. Ce lundi 27 février, c’est Léa Drucker, sur scène au moment de l’interruption par la militante de Dernière rénovation, qui a décidé de prendre la parole sur Instagram.

« Cette photo qui nous statufie Ahmed et moi dans cette caricature d’humains inconscients, à la manière de Don’t Look Up d’Adam McKay, aura peut-être servi à quelque chose », écrit l’actrice. Le cliché en question la montre aux côtés de l’humoriste Ahmed Sylla, avec qui elle a présenté une partie de la cérémonie. Tous deux affichent un sourire crispé.

« Fallait que ça tombe sur moi, sur la tête de ma mère… C’est indéniable », a réagi ce dernier à l’antenne en apercevant l’activiste avant que l’image ne coupe. « Elle aurait au moins pu repasser son T-shirt… Avec un T-shirt repassé tu peux interrompre les César », a-t-il encore ironisé à la reprise. Des propos et une attitude qui lui ont valu à lui et Léa Drucker des critiques.

Pas des « rires moqueurs »

« Nos rires sont des rires de gêne, et non des rires moqueurs, assure celle-ci, ce lundi, sur Instagram. Le rire de celui qui sait qu’il est dans la merde, mais qui ne veut pas transmettre son angoisse à la télévision, et devant cette salle. »

Après l’intervention de l’activiste, une certaine Nina, Canal+ a coupé l’antenne sans explication et la jeune femme a été emmenée loin des caméras par des agents de sécurité. Avec du recul, Léa Drucker pense « qu’il aurait fallu informer les téléspectateurs à la reprise du direct, de ce qu’il venait d’arriver et de l’action revendiquée ». Mais voilà, elle dit ne pas avoir eu connaissance du message revendiqué par la militante.

Cette dernière est apparue, ce vendredi sur la scène de l’Olympia, avec un tee-shirt blanc sur lequel était écrit « We have 761 days left » – « il nous reste 761 jours » en français, soit le délai dont dispose la planète, selon un rapport du GIEC, pour rester sous la barre des 1,5 °C de réchauffement.

Léa Drucker dit avoir conscience de l’urgence climatique. « Je m’inquiète de l’avenir de notre planète, et de celui de nos enfants », écrit-elle, toujours sur Instagram. Comme dans une tribune de Cyril Dion, publiée ce même lundi sur le site du Monde, elle regrette que les questions liées au réchauffement climatique n’aient pas été une seule fois abordées au cours de la soirée, contrairement à d’autres thématiques sociétales, à l’instar des violences faites aux femmes ou la situation en Iran.

Vers un « ecological way of life »

« C’est bien là le problème, et c’est bien le constat que ce sujet continue chaque jour d’être difficile à conscientiser dans la société, continue-t-elle, avant d’ajouter : Si vous pensez que c’est en faisant un happening aux César [que les choses] vont changer, alors rendez-vous en maillot de bain en février 2050. »

Un point de vue que ne partage pas Cyril Dion. À Léa Drucker, qui se dit finalement « plutôt contente d’avoir participé à ce remake de ’Don’t Look Up’ », il répond dans les commentaires : « Si ces jeunes viennent faire des ’happenings’ aux Césars, à Roland Garros, au Tour de France ou dans les musées c’est que rien n’a marché. [...] Ils cherchent à ne plus nous laisser tranquilles, à nous obliger à regarder la réalité en face et à en parler. C’est bien, c’est ce qui se passe. Navré que ce soir tombé sur vous. »

Plusieurs célébrités du monde du cinéma français, à l’instar de Gilles Lellouche, Juliette Binoche, Swann Arlaud, Dominik Moll, Bouli Lanners, Lætitia Dosch et Denis Ménochet, ont signé la tribune à l’initiative du réalisateur, écrivain et militant écologiste. Ensemble, ils appellent à un « ecological way of life », c’est-à-dire à une transmission à l’écran de «  nos relations au monde vivant  », comme «  la débauche consumériste de l’« American way of life » en inondant le monde de films  » au sortir de la Seconde Guerre mondiale.

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