Que célèbre-t-on à la Toussaint?

Que célèbre-t-on à la Toussaint?

Les fidèles catholiques iront à l'Eglise, les autres profiteront d'une journée de repos. Ce mardi est en tout cas une date à part pour tous les Français: il s'agit de la Toussaint, célébrée chaque 1er novembre.

Un éternel retour au calendrier qui peut donner des airs d'évidence au rendez-vous. Au risque d'en faire oublier et la signification et l'origine. Mais de quoi parle-t-on quand on évoque la Toussaint? Quelles sont les communautés qui la célèbrent précisément? Depuis quand ce 1er novembre s'est-il imposé pour incarner cette commémoration? Et enfin, depuis quand la fête est-elle fériée? BFMTV.com fait le point sur toutes ces questions.

Honorer tous les saints, jusqu'aux anonymes

Stricto sensu, pour les ouailles, la Toussaint débute dès le 31 octobre avec la messe du soir. Elle s'étire ensuite sur toute la journée du 1er novembre, jusqu'au dernier office.

Quant à son sens, il est proclamé dès l'intitulé. La Toussaint est bien entendu la fête de tous les saints, l'occasion d'honorer les plus fameux d'entre eux - les compagnons du Christ, ou les pères de l'Église par exemple, jusqu'aux plus obscurs des cannonisés. Toutefois, il faut se détacher d'un premier trompe-l'oeil pour ne pas perdre de vue la raison d'être de l'événement: non, les saints auxquels les croyants rendent hommage ne se réduisent pas aux bienheureux officiels.

"L’Église sait bien que beaucoup d’autres ont également vécu dans la fidélité à l’Évangile et au service de tous. C’est bien pourquoi, en ce jour de la Toussaint, les chrétiens célèbrent tous les saints, connus ou inconnus", éclaire ainsi l'Église de France sur son site.

La Toussaint a par conséquent fonction de pédagogie et valeur d'édification. On tient à indiquer la route à suivre aux paroissiens. "Cette fête est donc aussi l’occasion de rappeler que tous les hommes sont appelés à la sainteté, par des chemins différents, parfois surprenants ou inattendus, mais tous accessibles", met en effet en exergue l'Église.

Il convient donc d'éviter un second écueil ici: la Toussaint n'est pas le "jour des morts". Celle-ci - que l'Église préfère appeler "la journée de prière aux défunts" ou encore la "commémoration de tous les fidèles défunts" - est attribuée au 2 novembre. Un jour lors duquel les familles se recueillent dans le souvenir de leurs disparus.

Une histoire qui remonte au IVe siècle

Toujours observée, la Toussaint est fille d'une longue histoire. On en voit les prémices dès le crépuscule de l'Antiquité, lorsque l'Église syrienne dédie un jour aux martyrs dans le courant du IVe siècle.

À l'époque, le christianisme s'impose pourtant dans l'Empire romain - à compter notamment de la conversion de l'empereur Constantin sur son lit de mort -, et la situation s'arrange sensiblement pour les chrétiens. Mais ceux-ci sortent d'une période bien plus sinistre, marquée par des persécutions cycliques qui ont pu les contraindre à la clandestinité ou même les envoyer à la mort.

L'initiative de l'Église syrienne vise donc à sauver les martyrs de l'oubli. Or, ils sont déjà trop nombreux pour faire l'objet d'un rite individuel, d'où l'idée d'une journée commune.

S'inspirant de cette démarche, le pape Boniface IV la prolonge au cours de son pontificat - de 608 à 615 - en consacrant le vieux Panthéon romain en église célébrant tous les saints. Dès lors ceux-ci seront fêtés par toutes les ramifications de l'Église. Mais longtemps, chacune d'entre elles fait à sa guise. C'est à partir de 835 que la Toussaint cesse de naviguer selon les régions: désormais, ce sera le 1er novembre pour tous.

À l'est, on préfère la Toussaint au printemps

Pour tous, vraiment? Pas tout à fait. Aujourd'hui encore, on remarque une relative diversité. Schismes et traditions locales ont parfois influé sur la date de la Toussaint, ce qui permet de préciser que si les catholiques romains sont bien les seuls à célébrer la Toussaint le 1er novembre, ils n'en ont pas le monopole. Ainsi, l'Église orthodoxe, tout comme les églises orientales de rite byzantin, la fixent au dimanche suivant la Pentecôte.

À quelques exceptions près, les protestants, quant à eux, ne reconnaissent pas la Toussaint. Une impasse qui s'explique en partie par un point de doctrine: ils considèrent que le salut - et la sainteté du même coup - est conféré par la seule grâce (c'est-à-dire la volonté divine) et non "par les oeuvres" (c'est-à-dire en rétribution de ses actions).

Un jour férié depuis deux siècles

Loin de toutes ces questions théologiques, ce que les Français retiennent le plus souvent de la Toussaint dorénavant est cependant sa dimension chômée. Et le 1er novembre est férié depuis déjà deux siècles. Plus exactement, le 1er novembre est férié depuis 1801 et la signature du Concordat entre la République française et le Saint-Siège.

Après un épisode révolutionnaire qui a déchiré les liens entre le pays et l'Église, le Premier consul Bonaparte et le pape Pie VII entendent recoller les morceaux. Exercice du culte, réorganisation de l'épiscopat, nomination et traitement des évêques: le traité referme de nombreux dossiers. Et l'État en profite pour mettre au net la place des célébrations dans la société française. Le 1er novembre sera donc férié. Le 2 en revanche, ne bénéficie pas de la même bienveillance.

Article original publié sur BFMTV.com