Cécile Coulon et sa ferme de femmes

C'est une histoire de femmes et de ferme. Avec une grand-mère, "ogresse affamée" régnant sur des champs et des étangs, élevant veaux, vaches, cochons. Elle a recueilli sa petite-fille Blanche, qui surmonte vaillamment la mort de ses parents dans un accident de voiture, contrairement à son petit frère. Leur exploitation agricole porte un sacré nom : "Le Paradis". Mais l'enfer n'en est jamais loin. Et leur existence a plutôt des allures de séjour au purgatoire… Du matin au soir, chacun trime dur. La grand-mère se fait épauler par un garçon du genre renfermé, Louis, qui s'est enfui de chez lui pour échapper aux coups de son père.

Comme dans une tragédie de Racine

Un roman paysan, ce n'est plus très courant. Sa jeune auteure, Cécile Coulon (pas encore 30 ans), séduit d'emblée par sa radicalité tranquille. Pas question de verser dans la littérature de terroir, à la façon de l'École de Brive (Claude Michelet, Christian Signol…) L'écrivaine ne s'attache nullement à faire revivre la culture d'une région mais à camper des destins, à dépeindre des tempéraments. Sa ferme constitue le cadre d'un huis clos, où se déploie la passion amoureuse comme dans une tragédie de Racine. Bientôt, Blanche est séduite par Alexandre, garçon charmant et charmeur, habile, mais pas si intelligent que ça.

Au collège, elle l'aide à résoudre ses équations à condition qu'il lui achète des œufs. Ils couchent ensemble, profitant qu'à la ferme on tue le cochon. Mais elle se voit en gardienne du Paradis, alors que...


Lire la suite sur LeJDD