Sur le budget, Gabriel Attal rabroue poliment Bruno Le Maire (et tacle ses ambitions présidentielles)

Alors que la question du déficit sème la zizanie au sein du camp présidentiel, le Premier ministre est monté au créneau pour soutenir le chef de l’État face au ministre de l’Économie.

POLITIQUE - Une manière détournée de le renvoyer à ses dossiers. Alors que Bruno Le Maire est actuellement en pleine querelle avec Emmanuel Macron au sujet de la politique budgétaire du pays, le Premier ministre Gabriel Attal a profité d’un voyage au Canada pour rabrouer poliment son ministre… tout en minimisant ses possibles ambitions pour la présidentielle de 2027.

« Il est ministre des Finances chargé des comptes, c’est normal qu’il nous rappelle le besoin impérieux d’être sérieux avec l’argent des Français. La chance qu’il a, c’est qu’il a à Matignon un Premier ministre qui a été son ministre délégué au Budget et qui est donc parfaitement conscient de ces enjeux », a affirmé Gabriel Attal ce vendredi 12 avril au soir (dans la nuit de vendredi à samedi heure de Paris) devant plusieurs journalistes.

Et de s’attaquer, sans guère prendre de pincettes, aux possibles vues du locataire de Bercy sur la candidature du camp présidentiel en 2027. « Pour emmener les Français, enthousiasmer un pays et préparer une campagne, le débat de savoir s’il vaut mieux 5,1 %, 5 % ou 4,9 % c’est bon… ». « Chacun fait ce qu’il veut », mais « il y a plein de sujets dont il faut parler », a ainsi lancé Gabriel Attal. Avant d’ajouter : « Je ne crois pas (qu’il ait une ambition). Ce sont des questions qui sont importantes mais je ne fonderais pas une ambition politique personnelle que sur ces sujets-là » de politique budgétaire.

PLFR ou pas PLFR ?

Alors que le sujet du dérapage du déficit public est actuellement brûlant, Gabriel Attal a assuré jeudi depuis Ottawa que le budget était « tenu ». Une manière de répondre à la révision des prévisions sur le déficit, qui atteindra encore 5,1 % du PIB en 2024 et nécessitera de trouver 10 milliards d’euros supplémentaires d’économies cette année, pour un retour à un déficit à 2,9 % en 2027.

Le chef du gouvernement rejette, comme le président de la République Emmanuel Macron, l’idée de passer par un projet de loi de finances rectificatif (PLFR) pour 2024. Un outil pourtant suggéré par Bruno Le Maire, mais qui serait susceptible d’ouvrir la voie à une motion de censure de la part de l’opposition.

Gabriel Attal a aussi fait observer qu’il y avait « pléthore » de « gens dans la majorité qui se projetaient sur 2027, qui parlent de 2027, qui disent ’Je n’exclus rien, je serai disponible pour les Français, l’élection de Le Pen est probable’ ». Comme l’ex-Premier ministre Édouard Philippe, à ses yeux « officiellement candidat ». Pour sa part, le chef du gouvernement « revendique le droit à ne pas (se) prononcer sur le sujet » de la présidentielle. Tout en n’oubliant pas de rappeler, innocemment : « Moi je n’ai jamais parlé de 2027 mais pourtant j’ai l’impression que je suis celui qu’on vient le plus chercher sur cette question-là. »

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