Budget: Bruxelles pourrait "ne pas bien prendre" la réponse de Rome, dit Salvini

Giovanni Tria, ministre italien de l'Economie, envisage de réviser les prévisions de croissance à la baisse afin de parvenir à un accord avec la Commission européenne sur le projet de budget pour 2019, rapporte la presse transalpine. /Photo prise le 9 novembre 2018/REUTERS/Alessandro Bianchi

ROME (Reuters) - La Commission européenne pourrait bien ne pas se satisfaire de la réponse de l'Italie à ses critiques du projet de budget pour 2019 présenté par Rome, a déclaré dimanche Matteo Salvini.

"Je pense qu'ils ne vont pas bien le prendre mais nous ne voulons pas de confrontation avec l'UE. J'aimerais qu'ils nous laissent travailler, les résultats parleront d'eux-mêmes", a dit Salvini, chef de la Ligue (extrême droite) à un groupe d'étudiants.

L'exécutif européen a rejeté le mois dernier le projet initial de budget pour 2019 présenté par le gouvernement formé en juin par la Ligue et le mouvement antisystème 5 Etoiles (M5S), projet qui remet en cause les engagements de Rome en matière de baisse du déficit budgétaire et de la dette publique.

Le gouvernement italien, qui défend l'idée selon laquelle un budget plus expansionniste permettra de relancer la croissance et donc d'augmenter les recettes de l'Etat et de réduire le déficit, a jusqu'à mardi pour modifier son projet, mais a jusqu'ici exclu de faire la moindre concession.

Selon une source gouvernementale à Rome, Giovanni Tria, le ministre italien de l'Economie, envisage toutefois de réviser à la baisse la prévision de croissance de l'Italie pour 2019 afin de tenter d'amadouer la Commission.

En l'état, le projet de budget italien s'appuie sur une prévision de croissance de 1,5% du produit intérieur brut en 2019, alors que Bruxelles table sur 1,2%, ce qui accentue encore le désaccord.

De source gouvernementale, on indique que le Trésor pourrait revoir à la baisse son estimation de croissance pour l'an prochain afin de tenter de convaincre Bruxelles que l'Italie ne dépassera pas un déficit budgétaire à 2,4% du PIB en 2019.

Selon La Repubblica, Tria envisagerait de ramener cette estimation à 1%. Il Messaggero parle de son côté de 1,2%. Les deux journaux indiquent par ailleurs que le nouveau projet de budget pourrait être assorti d'un mécanisme de réduction automatique des dépenses publiques en cas de dépassement du seuil fixé pour le déficit.

(Giulia Segreti, Jean-Philippe Lefief et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)