Budget 2024 : le gouvernement sur une ligne de crête, entre mesures d’économie et impératif d’écologie

POLITIQUE - Équation complexe. Flanqué du ministre chargé des Comptes publics Thomas Cazenave, et de celui de la Santé Aurélien Rousseau, Bruno Le Maire a détaillé les grandes lignes du budget de l’État ce mercredi 27 septembre au sortir du Conseil des ministres.

Une feuille de route complexe pour l’exécutif qui doit conjuguer plusieurs impératifs : la fin du « quoi qu’il en coûte » d’un côté, mis en place pendant les crises sanitaires et énergétiques à grand renfort d’argent public, et l’accélération de la transition écologique promise par Emmanuel Macron de l’autre. Le tout, sans augmenter les taxes ni les impôts.

« Maintenant que l’argent coûte cher, que les taux d’intérêt ont pris 300 points de base en l’espace de deux ans et atteignent 4 %, il serait irresponsable de ne pas désendetter rapidement notre pays », a ainsi argué le numéro 3 du gouvernement dès les premières minutes de sa prise de parole, en promettant malgré tout un budget qui « protège contre l’inflation » et « nous permet d’investir dans l’avenir de la nation française ». Pas simple.

La (presque) fin des chèques et ristournes

Dans ce contexte, l’essentiel des 16 milliards d’euros d’économies confirmés par Bruno Le Maire proviendra de la suppression progressive des mesures exceptionnelles permettant d’alléger la facture d’électricité des ménages et des entreprises (environ 14,5 milliards d’euros). S’y ajouteront les réductions des aides à la politique de l’emploi (1 milliard), 700 millions issus de la réforme de l’assurance-chômage, le report d’une partie de la baisse d’impôts de production (CVAE) pour les entreprises, la suppression de l’avantage fiscal pour le gazole non routier ou l’augmentation du malus sur les véhicules polluants.

Au total, les dépenses de l’État passeront de 496 à 491 milliards d’euros, hors charge de la dette. L’objectif est de ramener le déficit de 4,9 % du PIB cette année à 4,4 % en 2024. Une façon de donner des gages de sérieux budgétaire, notamment aux agences de notation, alors que la France est confrontée à une dette qui a dépassé les 3 000 milliards d’euros et à un déficit largement hors des clous européens.

Du côté des recettes, l’exécutif – toujours rétif à l’augmentation des impôts, sa ligne rouge – mise sur une taxe sur les autoroutes et les aéroports qui devrait rapporter 600 millions par an à l’État. Il a en revanche renoncé à taxer directement les billets d’avion, comme pouvait l’espérer le ministre des Transports Clément Beaune. « Moins il y a de taxe, mieux on se porte », a résumé le ministre de l’Économie mercredi.

Mais s’il souhaite resserrer un peu les cordons de la bourse, l’exécutif entend continuer à s’ériger en défenseur du pouvoir d’achat face à une inflation qui commence à refluer mais qui reste un sujet politiquement sensible. Signe que le gouvernement marche sur des œufs, il ressortira le chéquier (contrairement aux dires de Bruno Le Maire quelques mois auparavant) et offrira une indemnité de 100 euros aux ménages les plus modestes allant travailler en voiture, pour un coût de 430 millions d’euros.

« Effort historique » sur la transition écologique

L’indexation sur l’inflation du barème de l’impôt sur le revenu (4,8 %), des retraites (revalorisées de 5,2 % au 1er janvier) et des prestations sociales (4,6 % au 1er avril) pèsera quant à elle 25 milliards d’euros.

Pas question, non plus, de renier les priorités affichées par Emmanuel Macron pour son second mandat. Outre le budget de l’Éducation en hausse de 6,5 % ou ceux de la Justice et de l’Intérieur, particulièrement bien lotis, la transition écologique devient « priorité absolue », avec 40 milliards d’euros de crédits (+ 7 milliards). « Ce budget 2024, il traduit d’abord notre ambition écologique », a ainsi insisté le ministre chargé des Comptes publics Thomas Cazenave, ce mercredi, en évoquant un « effort historique. »

Ce budget, contraint par la volonté du gouvernement d’assainir les comptes tout en mettant le paquet sur l’écologie, mais sans toucher à la fiscalité – y compris des plus riches –, suscite de premiers doutes. Pierre Moscovici, le président du Haut Conseil des finances publiques (HCFP), un organisme indépendant placé auprès de la Cour des comptes, a par exemple jugé « un peu optimiste » la prévision de déficit public formulée par l’exécutif.

Pour lui, les dépenses « risquent de s’avérer plus élevées que prévu », notamment celles de la santé, alors qu’en l’état actuel des prévisions, elles progresseront plus en 2024 que ce qui est recommandé par l’Union européenne. De quoi pimenter, encore davantage, les futurs débats parlementaires sur ces textes budgétaires.

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