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Bruno Le Maire n’a pas apprécié le texte de Nicolas Mathieu sur les retraites

Bruno Le Maire photographié à Bercy au mois de février (illustration).
Bruno Le Maire photographié à Bercy au mois de février (illustration).

POLITIQUE - 5567 caractères de colère froide. Dans une tribune publiée dans Mediapart ce samedi 18 mars, l’écrivain Nicolas Mathieu, qui compte parmi les intellectuels ayant pris position contre la réforme des retraites, livre une charge lourde contre le gouvernement et Emmanuel Macron.

Dans son texte qui faite suite à l’utilisation du 49.3 pour reporter l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, le lauréat du prix Goncourt 2018 pour Leurs enfants après eux, interroge la légitimité du chef de l’État et de son gouvernement, en décrivant un système vertical à bout de souffle, étriqué dans des logiques comptables qui le rendent sourd à la colère de la rue.

« Que dire d’un président élu deux fois mais sans peuple véritable pour soutenir sa politique de managers, de faiseurs de fric et de retraités distraits, son régime de cadres sup et de consultants surpayés, un président élu deux fois avec les voix de ses adversaires, qui l’ont moins soutenu qu’utilisé pour faire obstacle au pire, un président qui n’a même pas eu droit à un quart d’heure d’état de grâce en 2022 ? », interroge Nicolas Mathieu dans son texte.

« Des enfants avec une boîte d’allumettes »

« Ce pouvoir est légitime comme la terre est plate, c’est-à-dire relativement à la place d’où on le regarde. Il est légitime comme je suis zapatiste, c’est-à-dire fort peu », déplore encore l’auteur de Connemara, estimant plus loin : « Il est légitime mécaniquement, en vertu des textes et de la solidité de nos institutions, mais il a perdu ce qui donne vie à la vraie légitimité politique en démocratie : un certain degré d’adhésion populaire ».

Nicolas Mathieu interpelle ensuite directement l’exécutif : « Avez-vous pensé à ces corps pliés, tordus, suremployés, qui trimeront par votre faute jusqu’à la maladie, jusqu’à crever peut-être ? ». Et de résumer la façon dont il perçoit Emmanuel Macron et son gouvernement : « ce monde-là est une nappe d’essence et vous n’êtes que des enfants avec une boîte d’allumettes ».

Invité ce lundi 20 mars sur BFMTV, Bruno Le Maire (qui se pique d’intérêt pour la littérature) a été confronté aux propos de l’auteur. Des mots que le ministre de l’Économie dit trouver « injustes », « insultants » voire « méprisants ».

« Il conteste la démocratie ? J’ai été élu trois fois député ; dans une circonscription populaire, qui a d’ailleurs basculé Rassemblement national. Donc les personnes dont parle Nicolas Mathieu, il n’est pas le seul à les connaître », a rétorqué le locataire de Bercy, contestant « le procès en méconnaissance du peuple » instruit selon lui par Nicolas Mathieu, et d’autres opposants à la réforme des retraites.

Avant de hausser le ton et de taper littéralement du poing sur la table. « Je suis allé comme ministre de l’Agriculture à la rencontre de tous nos compatriotes, y compris les plus humbles, les plus modestes, les plus délaissés, les plus en difficulté… Si je fais de la politique, c’est d’abord pour eux », a poursuivi Bruno Le Maire, qui assure que la réforme des retraites vise justement à protéger les Français les plus fragiles.

« Parce que les riches, les nantis, ceux qui ont de l’argent, qui ont des ressources financières et culturelles, ils n’ont pas besoin d’une retraite par répartition, parce que la répartition ils s’en moquent bien. Ils ont de l’argent à la banque et ils peuvent financer leur fin de vie sans difficulté », a-t-il répliqué. Quitte à répéter l’argument d’une réforme inévitable, lequel ne parvient pas du tout à convaincre les Français du bien-fondé d’un projet qui n’a, par ailleurs, pas réussi à trouver une majorité à l’Assemblée.

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