Brexit: Mise en garde de Hammond sur l'accès au marché unique

La Grande-Bretagne pourrait devoir changer de modèle économique pour rester compétitive en l'absence d'accord sur l'accès au marché unique européen dans le cadre du Brexit, prévient le ministre britannique des Finances, Phillip Hammond. /Photo d'archives/REUTERS/Neil Hall

BERLIN (Reuters) - La Grande-Bretagne pourrait devoir changer de modèle économique pour rester compétitive en l'absence d'accord sur l'accès au marché unique européen dans le cadre du Brexit, prévient le ministre britannique des Finances, Phillip Hammond. Il exprime cette crainte dans une interview publiée dimanche par la presse allemande, à deux jours d'un discours de la Première ministre britannique, Theresa May, sur le Brexit. Interrogé sur le projet de Londres de réduire l'impôt sur les sociétés, Philip Hammond dit espérer que l'économie britannique pourra conserver son identité européenne, avec le système fiscal et la réglementation qui en sont la marque. "Mais si on est contraints de faire autre chose, alors il nous faudra faire autre chose", dit-il dans l'interview accordée au journal dominical allemand Welt am Sonntag. "Si nous n'avons plus accès au marché européen, si on nous ferme la porte, si la Grande-Bretagne devait quitter l'Union européenne sans accord sur l'accès au marché, alors notre économie pourrait souffrir au moins à court terme", dit-il. "Dans ce cas, nous pourrions être forcés de faire évoluer notre modèle économique (...) pour retrouver de la compétitivité", poursuit Philip Hammond. Pour la chancelière allemande Angela Merkel, l'UE doit envisager de restreindre l'accès de Londres à son marché si les Britanniques insistent pour exercer un contrôle sur l'immigration, tournant ainsi le dos aux "quatre libertés" (de circulation des biens, des capitaux, des personnes et des services) consacrées en 1992 par le Traité de Maastricht. Dans l'interview, Philip Hammond précise que le gouvernement britannique n'a pas encore arrêté sa position sur le type de contrôle qu'il entend exercer sur l'immigration. "Mais nous sommes bien conscients que le message du référendum (du 23 juin) est que nous devons contrôler notre politique d'immigration", dit-il. Londres, ajoute-t-il, n'entend pas fermer complètement la porte aux ressortissants de l'UE souhaitant travailler en Grande-Bretagne "mais doit avoir le contrôle". VERS UN "BREXIT DUR" ? Theresa May, en poste depuis juillet, entend invoquer avant fin mars l'article 50 du Traité de Lisbonne qui déclenchera le processus de négociations entre Londres et l'UE. Elle a jusqu'ici été avare de déclarations sur la stratégie qu'adoptera son gouvernement, au grand dam de la communauté financière, des entreprises et de certains parlementaires. Mais une petite phrase interprétée comme étant annonciatrice d'un "Brexit dur" a suffi à faire décrocher la livre sterling sur les marchés la semaine passée. Theresa May prononcera mardi un discours important à Londres devant un parterre de diplomates et de hauts responsables britanniques, y compris l'équipe qui sera chargée de négocier le Brexit, ont fait savoir ses services dimanche. Selon le 10 Downing Street, la Première ministre exhortera les Britanniques à tourner la page du référendum (remporté à 52% par le camp du "Leave") pour se rassembler autour d'objectifs communs comme la protection et l'amélioration des droits des travailleurs. "Il est temps de mettre fin à la division et aux expressions qui y sont associées - 'Leaver', 'Remainer' et toutes les insultes qui vont avec - pour nous unir et faire du Brexit un succès sur la voie d'une Grande-Bretagne ouverte sur le monde", devrait-elle déclarer selon le communiqué publié dimanche. Le journal Sunday Times cite une source gouvernementale selon laquelle ses propos iront plus loin que les quelques extraits publiés dimanche et risquent de provoquer une correction du marché. Un porte-parole de Theresa May a dit à Reuters que de telles informations relevaient de spéculations et s'est refusé à tout autre commentaire. Theresa May s'exprimera symboliquement à Lancaster House, une propriété du Foreign Office proche de Buckhingham Palace et qui a abrité de nombreux sommets internationaux. (Michael Nienaber, avec Estelle Shirbon à Londres, Véronique Tison pour le service français, édité par Gilles Trequesser)