Bravache

C’est un ministre de l’Economie socialiste qui, en l’été 2013, popularisa et justifia le «ras-le-bol fiscal des Français», auquel il se dit soudain «sensible». Bel effort de pédagogie pour un membre d’un gouvernement de gauche que l’on eût préféré être sensible à la justice fiscale. S’il est vrai que la part des prélèvements obligatoires est, en France, plus forte que la moyenne des pays de l’OCDE, elle demeure dans la fourchette de tête d’autres pays comparables.

De nombreux ministres après Pierre Moscovici, le Président lui-même ont parlé de «haut-le-cœur fiscal».

Paradoxe de ces déclarations bravaches, les gouvernements successifs de François Hollande ont effectivement augmenté les impôts, mettant notamment à contribution retraités, veuves ou petits salariés qui jusqu’alors y échappaient. Face à ces injonctions contradictoires, le peuple de gauche ne pouvait que s’y perdre et la popularité présidentielle s’écrouler.

Pour réparer ce qui était perçu comme une injustice, le Premier ministre a finalement décidé de supprimer la première tranche de l’impôt sur le revenu et d’en sortir les plus pauvres. Mesure sociale s’il en est. Si ce n’est que la population assujettie à l’impôt sur le revenu se réduit encore et que le gouvernement maintient les hausses de TVA, taxe injuste par essence. Autant de bricolages aux antipodes de la promesse solennelle du candidat Hollande de réformer le système fiscal français, de le rendre plus juste, plus lisible, plus transparent. «Citoyen» en un mot aujourd’hui délaissé.



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