Yahoo Actualités Brasser sa bière dans une maison de retraite
[Toutes les semaines, nous publions un contenu de la série “En vrai, c’est comment” de Die Zeit, qui présente de courts témoignages. Cette semaine : le récit d’un octogénaire brasseur de bière dans sa maison de retraite.]
Je ne me souviens pas de ma première gorgée de bière mais de ma première cuite, si. J’avais le milieu de la vingtaine. La cuite à la bière, c’est ce qu’il y a de pire, j’ai souffert pendant quatre jours.
Il a fallu un bon moment avant que j’aie à nouveau envie d’en boire. J’ai 83 ans. Il y a longtemps que je n’ai pas pris une cuite mais j’aime toujours me boire une petite bière de temps en temps.
Ce n’est qu’une fois en maison de retraite que j’ai appris comment on la fabrique. Il y a cinq ans, je suis venu m’installer avec ma femme à la maison Atzgersdorf, à la périphérie de Vienne. Et on y brasse de la bière depuis 2020.
C’est l’ancien directeur qui a eu l’idée : les gens ne pouvaient pas simplement rester dans leur chambre sans rien faire. On a donc converti un vieil atelier qui se trouvait dans la cave.
Je suis passé jeter un coup au début et je suis tout de suite resté. J’aime le travail pratique. Je suis peintre en bâtiment de formation. Et puis les autres sont sympas. On discute, on raconte des blagues.
Deux chaudrons, 100 litres en tout
Le personnel de la maison de retraite nous soutient pour les tâches difficiles, mais moi, je veux tout faire, pas juste poser les étiquettes.
Tout commence par du malt concassé. Après, on fait chauffer de l’eau, notre bonne eau de source de montagne, dans un chaudron.
Je suis un pur Viennois : on est fiers de notre eau par ici. Pour la bière, il faut qu’elle soit exactement à 63 °C.
Ensuite, je mélange l’eau avec le malt, on appelle ça “brasser”. Une fois que tout ça a mijoté un moment, on laisse reposer.
On ajoute alors le houblon, on attend encore, on sort le moût et on ajoute de l’eau.
La recette est affichée au mur au cas où on oublierait quelque chose. On est ici jusqu’à 11 h 30 en général, après c’est le déjeuner.
