Son bras droit condamné, l’ex-président gambien sera-t-il jugé à son tour ?

L’ex-ministre de l’Intérieur de la République de Gambie Ousman Sonko (aucun lien avec son homonyme Ousmane Sonko, actuel Premier ministre du Sénégal) a été condamné à vingt ans de prison pour crimes contre l’humanité par le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone, en Suisse, mercredi 15 mai. “Ousman Sonko [était] poursuivi par la justice suisse pour son rôle central dans le recours méthodique à la torture, au viol, aux exécutions extrajudiciaires, aux arrestations arbitraires et aux disparitions forcées durant les vingt-deux années de règne de l’ancien dictateur Yahya Jammeh”, écrivait le quotidien gambien The Point peu avant l’annonce du verdict.

Si les charges de viol n’ont pas été retenues, Sonko a été jugé “coupable d’homicides volontaires répétés, d’actes de torture répétés et de privations de liberté répétées, infractions réprimées au titre de crimes contre l’humanité”.

Aujourd’hui âgé de 55 ans, Sonko a été militaire puis inspecteur général de la police avant de prendre ses fonctions ministérielles à partir de 2006. Proche du président Yahya Jammeh, il a fui le pays en même temps que son mentor, début 2017, après une crise post-électorale. Les autorités suisses ont procédé à son arrestation alors qu’il effectuait une demande d’asile sur place. Au terme de son procès, il devient le plus haut dirigeant jamais condamné en Europe pour des crimes graves au nom de la justice universelle.

“Ubu tropical”

“S’il avait fui la Gambie dans l’espoir d’échapper à la justice de son pays, Ousman Sonko aura finalement appris à ses dépens que, bon ou mauvais, le passé de chacun le rattrapera ; peu importent les circonstances. Et sans doute sa condamnation troublera-t-elle le sommeil de son ancien mentor, Yahya Jammeh, en exil en Guinée équatoriale”, affirme le quotidien burkinabè Le Pays.

La plupart des journaux africains semblent espérer que ce procès soit le prélude à celui de l’ancien président gambien. “Le gros poisson, le capitaine, le maître de ces crimes impunis reste l’illustre exilé de Guinée équatoriale, Yahya Jammeh, tonnait Aujourd’hui au Faso en janvier. À quand le procès de cet Ubu roi dantesque devant la justice ? Nul ne le sait, mais c’est déjà un avertissement qu’un de ses ex-fidèles lieutenants réponde de ses actes devant un tribunal.”

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