Le Brésil a coulé l’ancien porte-avions Foch rempli de déchets toxiques

Cette photo d’archive prise le 10 février 1994 montre une vue aérienne de l’ancien porte-avions français « Foch », accompagné du bateau-citerne « Meuse » en mer Adriatique.
- / AFP Cette photo d’archive prise le 10 février 1994 montre une vue aérienne de l’ancien porte-avions français « Foch », accompagné du bateau-citerne « Meuse » en mer Adriatique.

ENVIRONNEMENT - Un « colis toxique de 30 000 tonnes ». La marine brésilienne a annoncé ce vendredi 3 février avoir coulé dans l’océan Atlantique l’ancien porte-avions Foch rempli d’amiante, de peintures et autres déchets toxiques, une décision critiquée par plusieurs organisations de défense de l’environnement. Ce fleuron de la marine française passé en 2000 sous pavillon brésilien, a longtemps erré en mer à la recherche d’un port refuge.

Le « naufrage planifié et contrôlé s’est produit en fin d’après-midi » vendredi, à quelque 350 km des côtes brésiliennes, dans une zone d’une « profondeur approximative de 5 000 mètres », a indiqué la marine dans un communiqué.

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Coque endommagée

Plus tôt dans la semaine, elle avait estimé ne pas avoir d’autre choix vu l’état très dégradé de cette vieille coque de 266 mètres de long. « Face aux risques qu’implique le remorquage et en raison de la détérioration de la coque (...), la seule solution est d’abandonner la coque en la coulant de façon contrôlée », avait expliqué mercredi la marine dans un communiqué conjoint avec le ministère brésilien de la Défense.

Le ministère public fédéral du Brésil (MPF), qui a tenté d’arrêter l’opération en multipliant les recours devant les tribunaux, a alerté sur les conséquences, soulignant cette semaine que le porte-avions « contient actuellement 9,6 tonnes d’amiante, une substance au potentiel toxique et cancérigène, ainsi que 644 tonnes d’encres et d’autres matières dangereuses ».

Il y a un « risque de graves dommages environnementaux (...) notamment parce que la coque est endommagée », a ainsi fait valoir le ministère public.

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Une solution « tragique et regrettable »

Même son de cloche du côté des ONG environnementales Greenpeace, Sea Shepherd et Basel Action Network, qui ont dénoncé « une violation de trois traités internationaux » sur l’environnement. Ce naufrage causera des dommages « incalculables », avec « des impacts sur la vie marine et les communautés côtières » ont-ils décrié dans une déclaration commune.

Empêcher cette opération serait « probablement » « inutile », étant donné « l’imminence d’un naufrage spontané de la coque, ce qui n’apporterait rien à l’environnement et serait susceptible de mettre en péril la vie de l’équipage impliqué dans le remorquage », a pour sa part écrit le juge du tribunal fédéral de l’État du Pernambouc (nord-est), selon le site internet G1.

Le magistrat a autorisé l’opération bien qu’il l’ait considérée comme une solution « tragique et regrettable », selon le site G1. Une zone située à quelque 350 km au large des côtes brésiliennes, avec 5 000 mètres de profondeur, a été considérée comme étant « la plus sûre » pour ce sabordage, selon le communiqué du ministère brésilien de la Défense et de la marine.

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« Crime environnemental »

Il y a deux semaines, la marine avait annoncé avoir pris en remorque l’ancien porte-avions dans l’Atlantique. Il était jusque-là tracté par un remorqueur néerlandais pour le compte du chantier turc Sok Denizcilik.

Elle avait précisé qu’au vu de son état de dégradation et « du risque élevé » qu’il représentait pour l’environnement, elle n’autoriserait pas son retour dans un port ou dans les eaux territoriales brésiliennes. Plusieurs ONG avaient alors fait part de leur crainte de voir le Brésil commettre un « crime environnemental ».

Ce fleuron de la marine française, passé en 2000 sous pavillon brésilien, a longtemps erré en mer à la recherche d’un port refuge. Construit à la fin des années 50 dans le chantier naval de Saint-Nazaire, dans l’ouest de la France, il a été pendant 37 ans au service de la marine française, avant d’être acheté en 2000 par le Brésil, qui l’a rebaptisé São Paulo. Mais en raison de sa vétusté et d’une série de problèmes liés notamment à un incendie en 2005, et alors que sa modernisation aurait coûté trop cher, Brasilia a décidé de s’en défaire.

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