Boxe: Keyshawn Davis et Abdullah Mason, deux pépites US à l'avenir radieux

Keyshawn Davis (9-0, 6 KO; 24 ans)

En boxe, il y a des rendez-vous à ne pas manquer. Des virages à prendre pour faire basculer sa carrière du bon côté. Pour Keyshawn Davis, le combat face à Jose Pedraza ce jeudi soir à Las Vegas entre dans cette catégorie. Face au Porto-Ricain champion dans deux catégories (titre IBF chez les super-plumes et WBO chez les légers) et de retour chez les légers après un passage à l’étage supérieur, la pépite américaine doit poursuivre son chemin vers les sommets qu’on lui promet.

Médaillé d’argent olympique en 2021 à Tokyo, où il avait notamment battu le Français Sogiane Oumiha avant d’échouer en finale face au Cubain Andy Cruz (qui a commencé sa carrière pro en juillet dernier), celui qui comptait déjà trois combats pros avant son aventure aux JO a signé derrière avec le grand promoteur Top Rank, dont le patron ne cache pas ses plans pour lui. "Keyshawn Davis est un futur champion du monde", prédit Bob Arum. Vu depuis longtemps par les spécialistes comme un des gros espoirs de la boxe US, "The Businessman" possède les qualités qui font les plus grands: vitesse, technique, défense, QI boxe, éthique de travail.

S’il manque un peu de puissance, le ciel semble la limite vu son talent. Et son expérience chez les amateurs, où il a pu se frotter à différents styles, aide à son développement rapide chez les pros. Top Rank a compris le potentiel entre ses mains et lui fait sauter les étapes aussi vite que possible. Ce qui n’empêche pas le poids léger qui a déjà accompli deux de ses objectifs – participer aux JO et signer un contrat avec un gros promoteur chez les pros – d’avoir déjà des fourmis dans les gants. "Il n’y a pas besoin d’attendre, lâchait-il ces dernières semaines. Je suis prêt pour une chance mondiale dès maintenant."

Avec ses septième, huitième et neuvième rangs dans les classements IBF, WBO et WBC, il n’en est plus très loin. Sa catégorie est un bassin remplie de requins, avec notamment ses compatriotes invaincus Gervonta Davis, Shakur Stevenson, Frank Martin ou Raymond Muratalla, mais Davis est le plus jeune de la bande. Et il a l’entourage parfait pour l’accompagner sur le chemin. Coaché par Brian McIntyre, Davis partage ses séances d’entraînement avec Terence Crawford (champion incontesté chez les super-légers et welters et considéré par beaucoup comme le meilleur boxeur de la planète toutes catégories confondues) et Shakur Stevenson (champion WBC des légers, titré dans trois catégories).

Un certain Floyd Mayweather lui distille également ses conseils et l’a plusieurs fois invité dans sa salle de Las Vegas pour des sessions privées. "Quels boxeurs professionnels peuvent se targuer d’avoir un cercle aussi fort autour d’eux? Notre cercle est dingue", se satisfait l’intéressé. Actif en 2023, où il a combattu trois fois, Davis doit reprendre la marche avant après sa dernière sortie sur le ring. Vainqueur de Nahir Albright sur décision majoritaire en octobre, rendez-vous avant lequel il s’autoproclamait "le meilleur prospect de la boxe aujourd’hui", le médaillé olympique a vu le résultat être transformé en no contest par le Texas Department of Licensing and Regulation suite à un contrôle positif à la marijuana après le combat. Il a également écopé d’une suspension de 90 jours qui l’a obligé à reporter le choc contre Pedraza de décembre à février.

"Je m’excuse auprès de ma famille et de mes amis de ne pas pouvoir combattre le 9 décembre mais je n’arrêterai pas de faire quelque chose qui est légal et vendu aux Etats-Unis", avait-il ensuite réagi sur les réseaux sociaux. Problème? La fumette n’est pas légale au Texas. Mais l’épisode lui aura servi de leçon. Davis, qui avait pris cette habitude en raison de "problèmes mentaux" dans son passé, annonce avoir arrêté l’herbe après l’avoir promis à Dieu (et malgré une rechute). Et ça lui fait du bien jusque dans le ring. "Depuis que j’ai arrêté, je suis une bien meilleure personne, explique-t-il au micro de Cigar Talk. Mes coaches me disent que j’ai plus d’énergie. Les gens avec qui je m’entraîne me disent qu’il y a quelque chose de différent chez moi et que je prends ce camp plus au sérieux. J’ai dû me regarder dans la glace et demander à Dieu pour surmonter cette addiction."

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Libéré de ses démons, Davis aborde le défi Pedraza avec un appétit XXL. "Ce combat n'est que le début du chemin où doit me mener ma carrière. Je respecte Pedraza pour avoir pris ce combat. Il a battu plusieurs anciens champions du monde, il a plus d'expérience que moi. C'est un combattant de main event et il me donne l'opportunité de montrer au monde ce dont je suis vraiment capable. Quand je l'aurai battu, je deviendrai un combattant de main event." Jose Pedraza est prévenu. Keyshawn Davis ne compte pas manquer le rendez-vous avec son histoire.

Abdullah Mason (11-0, 9 KO; 19 ans)

Lui, tu ne lui parles pas d’âge… La maxime de Kylian Mbappé peut s’appliquer à Abdullah Mason, opposé ce jeudi soir à Las Vegas à Benjamin Gurment (8-0-3, 5 KO) dans le premier combat en huit rounds de sa carrière. A 19 ans, le gamin de Cleveland (Ohio) affiche déjà 11 victoires et 9 KO. Après une carrière amateur notamment marquée par un titre national chez les jeunes en 2020, l’Américain passe professionnel en novembre 2021, à 17 ans, tout de suite recruté par le promoteur mastodonte Top Rank. Avec déjà de la lumière pour ses débuts, où Mason boxe sur la carte – diffusée sur ESPN+ – du choc féminin d’unification IBF-WBO des super-plumes entre sa compatriote Mikaela Mayer et la Française Maïva Hamadouche. Pour une première victoire avant la limite.

"Cette première expérience était géniale, lâche-t-il à l’époque. C’est un environnement différent donc j’ai dû me relaxer un peu. Au début, je n’avais pas l’impression de combattre comme je sais le faire. Travailler avec des gants plus petits est différent. J’ai dû mieux choisir mes coups, ralentir le rythme, être plus précis et plus intelligent." Le garçon apprend vite et progresse de sortie en sortie. Depuis ce premier combat, Mason a ajouté 10 victoires à son palmarès. De quoi commencer à attirer les yeux sur lui et confirmer sa place à la table des plus gros espoirs de la boxe actuelle.

Même les rois de sa catégorie des légers versent dans les éloges à son sujet, à l’image du champion WBC Shakur Stevenson: "Abdullah Mason est le meilleur jeune prospect de la boxe. Beaucoup de gens ne peuvent pas le battre. Dans le futur, il sera difficile à gérer pour tout le monde. Je pense qu’il va prendre le pouvoir dans ce sport." Fondamentaux techniques de qualité, vitesse de mains, puissance, dimension athlétique, intelligence, le gaucher a tout du boxeur d’élite. Sans oublier une maturité et un calme presque étonnants pour son âge et l’instinct du tueur pour finir le boulot quand l’adversaire est touché. Avec cinq combats (dont quatre KO) en 2023 et une opposition qui augmente petit à petit, l’Américain ne veut pas perdre de temps dans sa quête des sommets du noble art.

Top Rank croit en lui et devrait le tester un peu plus ces prochains mois. Beaucoup plus? L’intéressé, qui compte rester chez les légers "aussi longtemps qu’(il) peu(t) le faire", adorerait. "J’imagine 2024 comme une année charnière, lançait-il ces dernières semaines. Je me vois pouvoir devenir champion du monde en fin d’année ou en 2025." Avec un corps qui devrait encore évoluer pour atteindre sa version adulte et une technique qu’il continue d’affiner, Abdullah Mason va vite devenir un véritable casse-tête pour la concurrence. Rendez-vous dans quelques années pour vérifier si ses accomplissements auront été à la hauteur des belles promesses.

Article original publié sur RMC Sport