Boxe: "J’ai entendu que Joshua n’avait pas de menton", Ngannou lance les hostilités avant le choc

Il espérait Tyson Fury pour une revanche. Ce ne sera pas pour tout de suite. Pas grave. Son destin toujours plus dingue va lui mettre une autre superstar britannique de la boxe entre les gants: Anthony Joshua. Après avoir envoyé le champion WBC des lourds au tapis et l’avoir poussé au bout des dix rounds, Francis Ngannou va pouvoir se mesurer à un ancien champion unifié de la catégorie reine avec "AJ". Le choc aura lieu le 8 mars, encore en Arabie saoudite, encore sur dix rounds. Et encore une affaire très lucrative pour les deux parties.

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Avec un gros appétit du côté du "Predator" camerounais, bien décidé à prouver que sa belle performance face au "Gypsy King" était bien due à ses qualités pugilistiques et non à un combat pris par-dessus la jambe par le Britannique. Eddie Hearn, patron de Matchroom Boxing et promoteur de Joshua, a évoqué "de l’argent facile" pour son protégé face à l’ancien champion UFC? "Le rendez-vous est pris, répond ce dernier au micro de l’émission The MMA Hour. C’est dans deux mois. S’ils pensent que ça va être de l’argent facile, tant pis pour eux. On va répondre à une question. Si Joshua prend le coup que Fury a pris, je ne garantis pas qu’il se relève." Et l'homme connu pour sa puissance terrifiante de conclure dans un sourire presque carnassier: "J’ai entendu qu’il n’avait pas de menton. Je vais vérifier ça."

Boxeur à 0-1 en carrière professionnelle le plus célèbre (avec Conor McGregor) et courtisé de l’histoire, Ngannou comptait attendre plusieurs mois pour retrouver une chance face à Fury, qui doit d’abord passer par le premier combat d’unification totale des lourds depuis 1999 face au champion WBA-IBF-WBO Oleksandr Usyk prévu le 17 février en Arabie saoudite et qui devrait être suivi d’une revanche (contractuelle) entre les deux. Mais les choses ont changé fin décembre. Avec la défaite de Deontay Wilder face à Joseph Parker dans une soirée où Anthony Joshua s’imposait avec autorité contre Otto Wallin, la perspective du choc des anciens champions du monde Joshua-Wilder attendu pour le 9 mars s’est écroulée.

Et Joshua, qui doit patienter avant d’affronter Filip Hrgovic pour le titre IBF vacant (ce sera le cas si la revanche Fury-Usyk est activée, peu importe le vainqueur), est apparu d’un coup comme une possibilité pour son prochain défi. "Après le combat contre Fury, un responsable saoudien est monté sur le ring et m’a dit de me tenir prêt pour la revanche, raconte le Camerounais. Elle va arriver. Mais cette opportunité s’est présentée et j’étais prêt à la saisir donc c’est ce que j’ai fait. Je suis heureux de pouvoir la prendre." Ngannou évoque un deal "facile" à conclure. Les habitudes qui rentrent, aussi. "Pour Fury, on prenait un peu la température. Personne ne savait vraiment ce qui allait se passer. Il fallait essayer de négocier sur tout. Mais avec la façon dont les Saoudiens nous ont déroulé le tapis rouge, leur travail incroyable, beaucoup de choses se sont faites facilement car on n’avait plus à gérer les choses sur lesquelles on se battait avant."

Le "Predator" affirme que ce choc contre l’ancien champion WBA-IBF-WBO des lourds "n’enlèvera rien à une revanche contre Fury". Vu le scénario du combat contre ce dernier, on comprend l’idée. Il y aura toujours l’envie de revoir une deuxième danse entre les deux. Mais une correction infligée par Joshua, qui devrait prendre la chose très au sérieux vu ce qu’il a vu de son adversaire face à Fury et l’occasion en or de s’offrir des armes pour titiller son rival britannique s’il fait mieux que lui contre le Camerounais, enlèverait de l’intérêt autour des sorties boxe du combattant MMA. S’il arrive à briller, même un temps seulement, par contre… "Si je gagne ce combat, j’affronte Tyson Fury. Un point c’est tout. Qu’il ait la ceinture ou pas."

Classé numéro 10 par la WBC, Ngannou pourrait postuler à un combat pour le titre mondial de cette organisation aujourd’hui détenu par le "Gypsy King", ce qui n’était pas le cas pour leur premier combat. Mais la couronne importe peu au Camerounais. Qui cherche plutôt la grandeur du défi et la taille du chèque. "Le titre, c’est un système dans lequel je ne veux plus retomber. Vous commencez un run et vous devez faire des concessions avec telle ou telle organisation. Vous devez rentrer dans un moule. Mais je veux juste être libre et combattre. Je ne veux pas devoir quelque chose à quelqu’un ou devoir répondre à quelqu’un. Je ne veux plus de ces choses politiques. Bien sûr, si le titre est en jeu et que ça ne me lie pas à quelque chose, j’irai le prendre. Ça fera une belle décoration. (Sourire.)"

Face à un Joshua qui a bien rebondi de ses deux défaites de rang contre Usyk en enchaînant trois victoires en 2023, Ngannou ne sera pas favori. Normal. Mais on a bien retenu la leçon: ne jamais enterrer d’avance l’homme parti de rien ou presque pour terminer en pleine lumière au bout d’un parcours hollywoodien. "Joshua a perdu contre Andy Ruiz Jr et Oleksandr Usyk, rappelle-t-il. Et il peut encore perdre. Je compte bien lui infliger une nouvelle défaite le 8 mars." Un rendez-vous que celui qui se prépare en ce moment pour quelques jours à… Paris auprès de son coach ancien membre de l’équipe de France olympique John Mbumba abordera avec plus de certitudes que celui avec Fury.

"Toutes ces questions pendant le camp d’entraînement: ''Est-ce que je serai capable de faire ça? Est-ce que je peux tenir dix rounds?'' Désormais, je sais que je peux le faire, saouvre-t-il. Et je peux même pousser plus loin. C’est génial. Je me sens vraiment bien. Quand j’ai fait mon premier sparring à Paris, John m’a dit: ''Tu es bien plus à l’aise maintenant''. A un moment, tu te dis: ''OK, je ne suis peut-être pas encore un grand, mais je peux faire ça''." Et le MMA dans tout ça? Signé par le PFL, Ngannou n’est toujours pas monté dans la cage de l’organisation qui monte. Qui bénéficie d’une belle publicité avec ses performances dans le ring – on évoque toujours le PFL quand on parle de lui – mais qui souhaitera à un moment un retour sur investissement concret. Selon le journaliste Ariel Helwani les dirigeants du PFL restent confiants sur le fait que le Camerounais va combattre chez eux en 2024, ce qui était prévu à la base.

L’intéressé semble plus sur la nuance. "Quand on m’a appelé pour me proposer ce combat contre Joshua, j’ai contacté le PFL pour leur dire car nous sommes dans ce business ensemble. Ils m’ont donné leur bénédiction. Ils m’ont dit: ''On ne peut pas te priver d’une telle opportunité''. J’étais heureux. Je ne voulais pas en savoir plus tant qu’ils n’avaient aucun problème avec ça. Combattre en MMA cette année est-il une possibilité? Oui. Une possibilité? Je ne sais pas. Comme j’ai dit, rien n’était certain avant de signer ce combat. Il y a une chance que je combatte deux fois en boxe cette année, oui." La solution se trouvera peut-être dans un combat en règles mixtes face à Deontay Wilder, une perspective qui plaisait beaucoup au PFL ces derniers mois. "C’était une vraie possibilité, confirme Ngannou. Mais Wilder a eu un combat, et ça s’est mis en travers de ça. Et maintenant, c’est moi qui ai un combat." Contre un Anthony Joshua qui avait pourtant critiqué le choix de Fury de l'affronter. Mais Francis Ngannou a comme si souvent eu le don de convaincre par ses actions.

Article original publié sur RMC Sport