Bouches-du-Rhône : l'agent SNCF faisait profiter ses amis de ses tarifs préférentiels sur les billets de train

La SNCF estime le préjudice total à plus de 300 000 euros (Photo : DENIS CHARLET/AFP via Getty Images)

Selon la SNCF, pas moins de 1900 billets auraient été achetés frauduleusement en utilisant l'identité du suspect, actuellement jugé par le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence.

Pour ses proches, prendre le train était vraiment une bonne affaire. Un ancien agent de la SNCF comparaît ces jours-ci devant le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), pour avoir largement abusé des privilèges liés à son statut professionnel.

En tant que salarié de l'opérateur national des chemins de fer, cet individu bénéficiait en effet d'un "Pass Carmillon", qui lui permettait d'obtenir un tarif unique de 10 euros sur n'importe quel billet de train acheté. Or, comme l'explique La Provence, l'agent en question n'a pas hésité à faire profiter massivement son entourage de cet avantage.

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1900 billets achetés entre avril 2017 et janvier 2021

Selon le quotidien régional, la SNCF a ainsi recensé pas moins de 1900 billets achetés en utilisant le Pass du suspect entre avril 2017 et janvier 2021. La plupart auraient été utilisés par d'autres personnes pour voyager en train à petit prix, en toute illégalité.

La Provence précise que la supercherie a été découverte au cours d'un contrôle de billets dans un TGV, en janvier 2021. Invité à produire le justificatif allant avec son billet tarif réduit, un jeune homme, qui se trouve être le frère d'un ami du suspect, a présenté une photo du Pass Carmillon de ce dernier.

"Il n'y a aucune volonté de dissimulation, ni d'enrichissement personnel"

La SNCF a ensuite enquêté sur cette affaire et mis en évidence ce qu'elle considère comme une fraude "à grande échelle". Le suspect aurait par exemple créé "quatre adresses mails différentes pour accéder à la plateforme de réservation interne" des cheminots et agents SNCF.

Devant le tribunal, l'avocat du prévenu a contesté l'hypothèse d'une fraude sciemment orchestrée et soutenu que son client avait tout simplement voulu rendre service à des proches. "Ce n'était ni pensé, ni réfléchi, a ainsi affirmé le représentant de la défense, cité par La Provence. La preuve, les mails sont rattachés à son numéro de téléphone ! Il n'y a aucune volonté de dissimulation, ni d'enrichissement personnel. (...) Il a juste été dépassé par l'ampleur des demandes."

La SNCF réclame 300 000 euros de remboursement

De son côté, la SNCF, qui s'est portée partie civile, a demandé un remboursement du manque à gagner sur les plus de 1900 billets achetés à tarif préférentiel. La société estime le préjudice total à plus de 300 000 euros. Un calcul là aussi contesté par la défense, selon laquelle la SNCF "demande 100 euros par billet sans démontrer que c'était bien le tarif."

Si l'opérateur obtient finalement gain de cause, son ancien employé pourrait être condamné à lui verser cette somme astronomique. Le procureur de la République a par ailleurs requis une peine de neuf mois de prison avec sursis pour le principal accusé, et une peine de six mois pour l'individu contrôlé avec son Pass en janvier 2021, soupçonné d'être son complice. D'après La Provence, le tribunal rendra son verdict le 1er mars prochain.

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