Botulisme à Bordeaux: le restaurateur "certain" de la stérilisation des bocaux, selon son avocat

Botulisme à Bordeaux: le restaurateur "certain" de la stérilisation des bocaux, selon son avocat

"Mon client est absolument anéanti", assure Stéphane Guitard, l'avocat du patron du bar bordelais, le Tchin Tchin Wine Bar, dans lequel au moins quinze personnes ont consommé des sardines intoxiquées avant de développer des cas de botulisme, une affection neurologique rare.

L'une des clientes, Marie G., une Grecque âgée 32 ans, est morte plusieurs jours après avoir ingéré ces sardines, dont les bocaux de conservation ont été préparés par le restaurateur. Son compagnon et ses parents ont déposé ces derniers jours deux plaintes contre l'établissement pour "homicide involontaire".

Onze autres personnes ont été hospitalisées, six d'entre elles sont actuellement prises en charge dans des services de réanimation mais dans un état stable. Une enquête a été ouverte par le parquet de Bordeaux pour plusieurs chefs, dont homicide involontaire.

"Il a suivi les prescriptions"

"La stérilisation des bocaux a été faite par ses soins, il en est certain, il a suivi les prescriptions du fabricant pour [l'utilisation] du matériel avec lequel il stérilisait ses bocaux, il a utilisé des caoutchoucs neufs", a affirmé Me Stéphane Guitard sur BFMTV ce mardi.

"Il faudra vérifier si les conditions dans lesquelles le matériel a été utilisé, si les joints utilisés étaient corrects (...). Nous ignorons aujourd'hui si le temps de stérilisation qui était préconisé par le fabricant, 60 minutes, et la température, 100 degrés, étaient suffisants. A priori, ils l'étaient mais nous ne savons pas pourquoi certains bocaux qu'il a ouverts n'avaient manifestement pas été assez stérilisés et d'autres l'avaient été".

En ouvrant les bocaux, "il a eu un doute puisqu'en ouvrant une boîte, puis deux boîtes, puis trois boîtes, il a senti qu’elles n’avaient pas été stérilisées, n’entendant pas le 'pschit' traditionnel de la stérilisation d'un bocal. Les autres bocaux qu'il a ouverts, dans une quantité que j'ignore aujourd'hui, ont eu ce bruit caractéristique de la stérilisation, raison pour laquelle il a décidé de les servir".

"Peut-être aurait-il dû (...) jeter tout le lot", suggère Me Stéphane Guitard, "mais pour l'instant nous en sommes à l'ébauche des hypothèses sur son éventuelle responsabilité pénale".

L'avocat a toutefois tenu à préciser que dans une telle situation "le principe de précaution n’est pas une caractéristique de la poursuite pénale". "Nous sommes un petit peu dans le doute et nous attendons les résultats de l'expertise technique qui seront rendus ultérieurement dans le cadre de cette enquête".

"Il n’y aucun rejet de responsabilité sur personne"

Dans leurs premiers rapports, les autorités sanitaires considèrent que le restaurateur faisait preuve "d'absence de maîtrise des règles de stérilisation et des règles d'hygiène". Son avocat le défend en expliquant qu'"il est aujourd’hui un peu trop tôt pour arriver à ce type de conclusion".

Me Stéphane Guitard précise toutefois qu'"il n’y aucun rejet de responsabilité sur personne. Nous sommes au début de l’enquête pénale qui démarre (...), nous sommes au stade de toutes les hypothèses et il ne faut écarter aucune hypothèse".

"On attend toujours les résultats de l'autopsie" de la femme décédée, rappelle-t-il.

L'avocat précise que son client n'envisage pas de rouvrir son restaurant "à ce stade". Il précise qu'une "décision a été prise par la préfecture de suspension de cet établissement pendant le temps du nettoyage de celui-ci et de la désinfection, une mesure traditionnelle, à l'issue de ce type d'affections toxiques".

Il a précisé qu'à ce stade de l'enquête, son client "a à cœur, surtout, de pouvoir aider la DDPP (les autorités sanitaires, NDLR) et les enquêteurs à trouver les derniers consommateurs qui auraient pu être atteints par cette affection et ensuite répondre aux questions qui lui sont posées". Selon les informations de BFMTV, le gérant doit effectivement être entendu par les enquêteurs dans les prochains jours.

Les cas de botulisme restent rares en France. Le dernier décès lié à cette maladie dans le pays date de 2016.

Article original publié sur BFMTV.com