Boris Johnson de retour ? La fausse bonne idée des conservateurs britanniques

Britain's Prime Minister Boris Johnson looks at doors of washing machines at Ebac electrical appliances manufacturer during a General Election campaign trail stop in Newton Aycliffe, Britain November 20, 2019. Frank Augstein/Pool via REUTERS
POOL New / REUTERS Britain's Prime Minister Boris Johnson looks at doors of washing machines at Ebac electrical appliances manufacturer during a General Election campaign trail stop in Newton Aycliffe, Britain November 20, 2019. Frank Augstein/Pool via REUTERS

ROYAUME-UNI - Coucou le revoilou ? Sa réputation de phénix capable de renaître de ses cendres pourrait se vérifier une nouvelle fois. Après la démission de la Première ministre britannique, Liz Truss, ce jeudi 20 octobre, les rangs conservateurs s’agitent pour lui trouver un remplaçant certains regards pointent déjà vers Boris Johnson.

Parti il y a à peine deux mois, l’ancien locataire du 10 Downing Street pourrait faire le choix d’entrer dans la course à la succession. Selon des décomptes qui circulent dans la presse britannique, plusieurs dizaines de députés seraient déjà prêts à lui apporter leur soutien, sur les 100 nécessaires d’ici la fin du week-end pour se présenter.

L’ancien ministre Jacob Rees-Mogg a déjà appelé ouvertement à son retour, alors que Ben Wallace, ex-ministre de la Défense a déjà exclu de se présenter dans la course pour laisser la place à BoJo. De quoi faire de ce dernier un sérieux challenger face à l’ex-ministre Penny Mordaunt et déjà candidate, ou Rishi Sunak finaliste face à Liz Truss.

Qu’en pense l’intéressé ? Pour le moment aucune déclaration officielle. Interrogé sur son retour, son père, Stanley Johnson a laissé entendre que son fils était « dans l’avion », de retour de vacances à l’étranger, et qu’il aurait a priori son soutien. Un tel come-back n’aurait rien de surprenant ainsi que l’expliquait déjà Le HuffPost ici début septembre. « Johnson a un ego aussi gros que la Terre, donc il est aisé d’imaginer qu’il pense pouvoir faire son retour, comme d’autres hommes politiques à l’ego aussi gros que la Terre, Silvio Berlusconi et Donald Trump », ironisait alors Tim Bale, politologue à l’université Queen Mary de Londres.

La réputation de Johnson le précède

Si cela est possible, est-ce pour autant une bonne idée ? La situation du parti conservateur a rarement été aussi catastrophique. Comme l’expliquait le directeur d’étude à l’Ipsos, Mathieu Gallard, au HuffPost, les Tories ont perdu depuis de nombreux mois leur crédibilité à gouverner : « Même les sondages qui plaçaient Rishi Sunak comme solide se sont effondrés ces derniers mois. Cette débâcle entraîne tout le monde avec elle »

Outre que la situation économique du pays est désastreuse, confrontée à une inflation redoutable, le manège au 10 Downing Street écorne un peu plus l’image des Tories, déjà bien abîmé par Boris Johnson lui-même. Désavoué il y a deux mois à peine par une soixantaine de responsables politique, l’ex-Premier ministre a aussi été mis en cause pour avoir participé à des fêtes en plein confinement, et est toujours sous le coup d’une enquête parlementaire laquelle pourrait tout simplement le voir être suspendu du Parlement.

Autant d’éléments qui ont participé à son départ forcé et que ne manque pas de rappeler l’opposition. Cette dernière réclame à cor et à cri des élections générales anticipées (les prochaines doivent en théorie avoir lieu d’ici janvier 2025) lesquelles donneraient lieu à un raz-de-marée travailliste.

« Voici à quoi ressemblerait la nouvelle carte électorale du Royaume-Uni si des élections générales avaient lieu aujourd’hui, selon le dernier sondage de People Polling »

Division interne aux conservateurs

Si l’image d’un BoJo héros des élections de 2019 -et dont il tire toujours sa légitimité-, capable d’empêcher la déroute, met encore des étoiles dans les yeux de certains, elle n’est pourtant plus d’actualité. « Il est plébiscité par une partie des adhérents et des électeurs conservateurs mais il a perdu le soutien de beaucoup d’électeurs de 2019 (...) Ce n’est donc pas le meilleur candidat mais encore une fois il illustre le clivage adhérents - électeurs. Rishi Sunak me semble le seul à pouvoir rassurer les électeurs ’flottants’ », résume pour le HuffPost David Fée, professeur de civilisation britannique à la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 :

Loin de faire l’unanimité, la candidature d’un Boris Johnson semble même être susceptible d’attiser des divisions dans les rangs conservateurs. Interrogé par Skynews, le député Tory, Jesse Norman a qualifié ce potentiel de retour de « décision absolument catastrophique ». Son collège Roger Gale a même menacé de démissionner si ce retour se confirmait. Ils ne sont pas seuls, sous couvert d’anonymat plusieurs membres éminents du parti conservateurs ont expliqué à nos confrères de Politico que le seuil, assez haut, de 100 parrainages a été vu comme une manière de ralentir son retour. Suffisant ? Réponse lundi.

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