Boris Johnson assume de laisser la crise du coût de la vie « au futur Premier ministre »

Boris Johnson, le 20 juillet 2022 à Londres.
via Associated Press Boris Johnson, le 20 juillet 2022 à Londres.

via Associated Press

Boris Johnson, le 20 juillet 2022 à Londres.

ROYAUME-UNI - Poussé à la démission mais toujours en charge des affaires courantes, Boris Johnson est-il en plein abandon de poste ? Le Premier ministre britannique, qui quittera le 10 Downing Street en septembre quand son successeur sera connu, se voit reprocher son absence malgré la dégradation de la situation économique. Lui, assume de laisser la résolution de la crise à son successeur.

Depuis l’annonce de sa démission, il lui a déjà été reproché d’avoir manqué des réunions de crise consacrées à la vague de chaleur historique qui a frappé le Royaume-Uni ou de ne pas avoir reçu les footballeuses anglaises après leur victoire à l’Euro. Dernier fait en date : après avoir fait ses adieux à la Chambre des représentants fin juillet, Boris Johnson a célébré son mariage avec Carrie Johnson et est parti en lune de miel en Slovénie la semaine dernière.

Vendredi, le ministre chargé de l’Énergie et des Entreprises Kwasi Kwarteng, interrogé sur Times Radio, avait indiqué ne pas savoir « où se trouve » le chef du gouvernement. « Il vient de célébrer son mariage, je pense qu’il est en lune de miel et (...), avait-il ajouté. Je ne pense pas que beaucoup de gens lui en voudront. » Le Premier ministre a lui-même déclaré à la télévision locale avoir passé un séjour « merveilleux » en Slovénie. « Nous avons eu une magnifique lune de miel, a-t-il raconté. Nous avons grimpé toutes les montagnes disponibles, plongé dans les lacs, foncé à vélo. »

L’opposition crie à l’absentéisme

Un récit de vacances qui tranche avec la situation économique du Royaume-Uni. Pendant l’absence de Boris Johnson, la banque centrale a prévenu que l’inflation dépasserait 13 % à l’automne, plongeant le pays dans sa récession la plus longue depuis la crise financière de 2008. Le ministre des Finances Nadhim Zahawi était également loin de Londres. Il a toutefois affirmé dans un communiqué jeudi que pour lui, « il n’y a pas de vacances », et qu’il continue d’avoir des appels et des briefings « quotidiennement ».

« Le Parti conservateur a provoqué l’effondrement de l’économie, a commenté sur Twitter Angela Rayner, la numéro deux du Parti travailliste. Maintenant, ils sont portés disparus. » Pour la députée travailliste Rachel Reeves, « une crise économique comme celle-ci exige un leadership fort et une action urgente, mais au lieu de cela, nous avons un parti conservateur qui a perdu le contrôle ».

L’ancien Premier ministre travailliste Gordon Brown a aussi dénoncé l’inaction du gouvernement. « Il faut qu’il y ait quelqu’un aux manettes », a-t-il renchéri sur la chaîne ITV, ajoutant qu’« il y a un vide qui doit être comblé ». « Si on attend le nouveau Premier ministre, ce sera trop tard », a-t-il prévenu, appelant Boris Johnson et les deux candidats à sa succession – Liz Truss et Rishi Sunak — à s’accorder sur des mesures budgétaires d’urgence.

Un son de cloche similaire auprès de la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon, qui a elle demandé dans une lettre, lundi, la tenue d’une réunion entre les chefs de gouvernements des quatre nations britanniques pour « s’accorder sur des mesures urgentes pour aider ceux qui en ont le plus besoin ».

« Le Premier ministre doit réunir les deux candidats dans les deux prochaines semaines pour convenir d’une solution et aider les personnes et les entreprises à payer leurs factures d’énergie », a également insisté Tony Danker, le directeur du puissant syndicat patronal britannique CBI. Mais une telle réunion ne devrait pas voir le jour pour mettre fin à la paralysie.

Johnson charge son successeur de trouver des solutions à la crise

Ce lundi 8 août, le gouvernement britannique a confirmé que Boris Johnson n’interviendra pas sur la question du coût de la vie et qu’il reviendra « au futur Premier ministre » d’agir pour faire face à la récession et à l’augmentation des prix de l’énergie, a fait savoir le porte-parole du Premier ministre démissionnaire. De son côté, l’entourage de Rishi Sunak, candidat à la succession de Johnson, a indiqué qu’en raison de « différences d’opinions fondamentales » entre l’ancien ministre et sa rivale Liz Truss pour la tête du Parti conservateur et du gouvernement, des discussions entre les deux seraient vaines.

L’ex-ministre des Finances Rishi Sunak a dit vouloir mettre en place, s’il devient Premier ministre, des mesures pour soutenir le pouvoir d’achat des plus vulnérables, tandis que Liz Truss a déclaré qu’elle s’attaquerait principalement à la réduction des taxes plutôt que des aides financières pour les plus pauvres.

Les Conservateurs doivent choisir entre la cheffe de la diplomatie Liz Truss, en tête des sondages, et Rishi Sunak, le résultat du vote étant annoncé le 5 septembre. Boris Johnson démissionnera officiellement le lendemain.

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