A Bordeaux, les jeux de mains et de marbre de Danh Vo

L’artiste a investi la nef du CAPC avec une installation de blocs de pierre, en forme d’hommage et de critique de l’histoire.

Au cœur de l’immense entrepôt Lainé, dans cette nef du Centre d’arts plastiques contemporains, chapelle Sixtine éphémère d’une longue liste d’artistes contemporains qui y sont intervenus, Danh Vo livre à son tour une de ses plus belles expos. L’ancien stock de denrées coloniales offre une majestueuse caisse de résonance à son art de faire bruire les résidus de l’histoire, les reliquats minéraux et les reliques religieuses de toutes sortes de récits personnels et collectifs. Danh Vo fait parler les choses mortes, sans les ramener pour autant à la vie. Il fait plus figure de spirite communiquant avec les esprits en mettant la main sur des vieilleries et faisant bouger les pierres. En l’occurrence, des blocs de marbre. Lourds et imposants, ceux-ci se serrent dans un des coins de la nef. Mais pas trop, de manière à ce qu’on puisse se faufiler entre eux, voire grimper dessus. Y mettre la main, explique Maria Inés Rodriguez, directrice du CAPC (ex-directrice, en fait, son licenciement ayant pris effet le 1er août), pour sentir la texture de leur surface, lisse ou rugueuse, selon que les pierres ont été polies ou non, est une recommandation de l’artiste. Qui a en quelque sorte fléché le geste : des photographies de mains sculptées s’accrochent à la paroi des blocs. Fragments d’œuvres taillés dans le marbre par Michel-Ange. Mains droite ou gauche de David, Moïse, du Christ ou de Giuliano de Medici, sont rendues à leur matériau d’origine par la grâce de ces allers-retours qu’affectionne Danh Vo.

Ces blocs viennent, on l’aura deviné, de Carrare, Mecque du marbre des artistes de la Renaissance italienne. Leur transport, leur manipulation, leur installation par d’adroits manutentionnaires, toute cette prise en charge, en main, pèse son poids dans la portée de cette pièce. Un, parce qu’il remet les ouvriers au rang des artistes. Deux, parce qu’il (...)

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