Bordeaux: une femme enceinte perd son bébé après plusieurs dysfonctionnements

Entre services saturés et régulation des urgences, la jeune femme de 22 ans, atteinte de mucoviscidose, a du patienter de longues heures avant d'être prise en charge. Entretemps, son état sanitaire s'est doucement détérioré.

Des dysfonctionnements qui ont conduit au pire. Comme le relate Le Figaro dans un article publié ce lundi, Caroline Belfort, une jeune femme de 22 ans atteinte de la mucoviscidose et enceinte de sept mois, a perdu son bébé après un calvaire de plusieurs heures, qui a inclus plusieurs erreurs de diagnostic et différents transferts entre plusieurs services d'urgences de la région bordelaise.

Selon le quotidien, tout commence le 20 juillet dernier. Ce jour-là, la vingtenaire dit souffrir d'une forte fièvre et d'un coude très douloureux qui lui ont provoqué une trentaine d'évanouissements durant la journée.

Renvoyée de services en services

Arrivés sur place, les pompiers examinent la jeune femme mais refusent de l'emmener à l'hôpital, estimant que la condition de la patiente n'est pas si grave. Dans la foulée, c'est finalement la mère de Caroline qui prend l'initiative de l'emmener au CHU de Bordeaux.

Son bébé ne réagissant plus depuis plusieurs heures, elle demande à son obstétricien de déclencher son accouchement, ce qui n'est pas fait. À la place, elle est guidée vers le service d'urgences de l'hôpital Pellegrin pour sa douleur au coude. L'établissement refuse de la prendre en charge à cause d'une régulation du service depuis quatre jours.

"Je leur en veux"

La jeune femme attend alors pendant plusieurs heures une ambulance, qui a été mal aiguillée, avant d'être transportée à la clinique du Haillan. Là encore, impossible de prendre la jeune femme en charge, qui est renvoyée sur les coups de deux heures du matin à l'hôpital Pellegrin.

En réalité, sa douleur au coude était le symptôme d’une arthrite septique qui a depuis dégénéré en septicémie. À son arrivée, elle reçoit une injection de morphine qui soulage temporairement les douleurs et une opération est prévue dès le lendemain. Or, lorsqu'elle se retrouve sur la table d'opération, son état est tellement grave que les médecins doivent choisir entre sauver la jeune femme, ou bien le bébé.

"Ils ont été obligés de me demander qui il fallait sauver entre ma fille et le bébé. Ils avaient 15% de chance de sauver Caroline. Je l’ai choisie car elle a une fille de 15 mois", explique la mère de la patiente au Figaro.

Après l'opération, Caroline se réveille de l'opération. "Je me suis réveillée samedi à 14 heures. Je demandais où était mon bébé. Même si, au fond de moi, je sentais qu'il n'était plus dans mon ventre, je voulais juste une réponse et personne ne me répondait", dit-elle, avant d'être finalement informée.

"Je leur en veux. Je trouve que ma situation a été prise à la légère. J’ai la mucoviscidose, je suis suivie à Pellegrin depuis que je suis toute petite, mais je n’ai pas été écoutée. Il aurait pu déclencher la césarienne dès jeudi soir, l’enfant était viable. Malheureusement, je ne suis pas la première et je ne serai pas la dernière", déplore cette qui a également frôlé la mort.

En dépit de l'issue dramatique, et en raison d'une chaîne de responsabilité trop complexe à établir, Caroline Belfort ne devrait pas intenter d'action en justice. De son côté, le CHU de Bordeaux a assuré au Figaro que "plusieurs membres des équipes médicales ont accompagné la patiente avec la plus grande attention et la plus grande diligence dans toutes ses composantes" en renouvelant "l'expression de sa vive compassion à l'égard de la patiente et de sa famille".

Article original publié sur BFMTV.com

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