Bordéliques vs maniaques : ce que le rangement dit de nous

Des chaussettes et des collants rangés dans de petites boîtes à la façon de Marie Kondo, créatrice de la méthode KonMari, le 18 janvier 2019 à Washington.   - Credit:Sara Kamouni/AFP
Des chaussettes et des collants rangés dans de petites boîtes à la façon de Marie Kondo, créatrice de la méthode KonMari, le 18 janvier 2019 à Washington. - Credit:Sara Kamouni/AFP

Huit millions de foyers touchés dans plus de 30 pays : plus fort que le Covid 19, la méthode brevetée « KonMari ». Paru en 2011 au Japon, traduit en 2015 chez nous, adapté en série sur Netflix en 2019, La Magie du rangement (First) nous offrait, tel un printemps radieux, la purge de nos placards comme méthode thérapeutique.
La fée du logis au slogan de gourou proposait de « transformer [n]otre vie de manière spectaculaire », en nous entourant uniquement d'objets dont la conservation nous rend vraiment heureux. Une méthode qui permettait d'« accroître sa capacité à prendre des décisions », et « gagner en confiance en soi ». Elle avait accepté de nous répondre sur Skype, en 2015, à propos de cette méthode de détox matérielle, nous expliquant avoir commencé dès l'âge de 5 ans. Le succès n'était venu que parce que la méthode se révélait désormais particulièrement utile : « Dans notre société moderne, beaucoup de gens possèdent des objets sans même y penser. »
Consumérisme, obsolescence programmée, fast fashion et achats à portée de clics : l'amas (involontaire) est devenu tel que même le ralentissement de la croissance due à la pandémie n'a pas entamé le marché de notre compulsivité. Pour preuve, le « self storage », ces garde-meubles qui poussent en bordure des grandes villes comme des champignons, montre une progression du marché français de plus de 15 % depuis 2014, selon la Fedessa.

Virage à 180 degrés, cette fois, la Nipponne qui a désormais 38 ans et trois [...] Lire la suite