Avec ses bons du Trésor, l’État belge lève des sommes inespérées
C’est “un succès que pratiquement personne n’avait vu venir”, constate De Standaard. À commencer par le ministre des Finances belge, Vincent Van Peteghem, qui en annonçant le lancement de bons d’État début juillet espérait lever 1 ou 2 milliards d’euros, comme il le raconte au Soir. Après clôture des souscriptions, le 1er septembre, l’Agence de la dette annonce un montant de 21,896 milliards d’euros – un record, la dernière émission de bons, il y a douze ans, ayant permis de lever 5,7 milliards d’euros.
Le but de ces bons d’État – ou bons du Trésor – était de pousser les banques à augmenter les taux d’intérêt qu’elles versent aux épargnants, demeurés faibles en dépit de la hausse des taux décidée par la Banque centrale européenne. Quant à leur principe : ce sont des titres à un an, avec un taux brut garanti de 3,3 %. Les épargnants prêtent une somme à l’État, avec la garantie d’en retirer en septembre 2024 un gain supérieur à ce que leur offre leur banque.
La formule a plu aux épargnants, puisqu’elle a conduit à “la plus grosse fuite des livrets d’épargne jamais enregistrée en Belgique”, observe le journal financier De Tijd. “Certes, le taux d’intérêt des bons d’État (2,81 % nets) reste inférieur à l’inflation [4 %], mais pour nombre d’épargnants cela reste un moyen accessible de limiter leur perte de pouvoir d’achat. Et ce grâce au gouvernement, qui aux yeux de certains a, pour une fois, ‘su écouter’”.
Un trop grand succès ?
Sceptique quant à l’opération, De Tijd rappelle pourtant que l’objectif de ces bons était de “mettre les banques sous pression” pour qu’elles augmentent leurs taux. Or “ce bouleversement n’a pas eu lieu”, exception faite de petites banques qui ont ouvert “des comptes à terme de crainte de perdre définitivement l’épargne de leurs clients. Mais pour le petit épargnant, qui laisse son argent sur un livret d’épargne afin qu’il reste disponible, l’opération ne changera hélas pas grand-chose.”
Quant à l’État, ce succès est-il pour lui un “trop grand succès” ? De Standaard observe en tout cas qu’il a levé nettement plus d’argent que ce dont il avait besoin pour se financer – il lui faudra donc placer ces sommes intelligemment.
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