"On est sur la bonne trajectoire": un prix "Sensationnelles" pour continuer de faire grandir le football féminin

"Et le vainqueur est...l'ES Molsheim Ernolsheim!". Ce mardi soir, au siège de la Fédération Française de Football, l'ex internationale française Laure Boulleau annonce le lauréat de la troisième édition de "Sensationnelles". Lancé en 2022, ce trophée récompense les clubs amateurs pour leur développement du football féminin.

Huit clubs s'étaient hissés en finale, gagnant le droit de présenter leur projet boulevard de Grenelle, devant un jury composé de Jean-Michel Aulas, président de la Ligue Féminine de Football et vice-président de la FFF, l'arbitre Manuela Nicolisi, le comédien Fred Testot ou encore Laure Boulleau, marraine de cette troisième édition.

De la salle de vivre-ensemble "la Lucarne" présentée par le club du Mans Gazélec à l'énergie des dirigeants du club ariégeois du FC Critourien en passant par le FC Boutonnais et les besoins de bus pour transporter les joueuses... les grands oraux de huit minutes (pas toujours respectées) se sont succédés pour finalement sacrer un seul des 300 dossiers envoyés: celui de l'ES Molsheim Ernolsheim (Alsace).

"Ils nous ont sorti une grande présentation avec beaucoup d'émotion. Un projet tourné vers l'inclusion, le handicap, l'autisme, on a beaucoup aimé", justifie Laure Boulleau.

"Il y avait beaucoup d'autres belles candidatures mais on est très heureux de leur avoir adressé ce prix". Un prix correspondant à une somme de 10.000 euros annuels pendant trois ans et un stage à Clairefontaine en plus des dotations de matériels attribuées à tous les finalistes.

"Après la Coupe du monde en France, il n'y a pas eu de relais"

Une récompense pour ces clubs amateurs qui se tournent avec pugnacité vers le football féminin. Pour le président de la Ligue féminine de football Jean-Michel Aulas, "on est dans une évolution significative. Il y a une volonté incroyable. Les gens engagés dans le foot féminin ont la certitude d'être soutenus, d'avoir des dirigeants et partenaires engagés. Les présentations que l'on a vues aujourd'hui sont vraiment très construites et cohérentes, elles vont servir le foot féminin de manière exhaustive."

Un foot féminin qui peine toujours à décoller malgré les promesses d'embellies post-Mondial 2019. "Après la Coupe du monde, il n'y a pas eu le relais", reconnait l'ex-président de l'Olympique Lyonnais. "On n'était pas préparé et il a fallu créer des structures. On capitalise désormais sur des fondations et sur une envie irrésistible, partout." Ex-membre de la sélection, Laure Boulleau avoue un "essoufflement qui a fait que l'Angleterre et l'Espagne sont tranquillement passées devant. Maintenant, avec la restructuration du championnat D1 Arkéma, on espère avoir plus de compétitivité entre les clubs. Il y a aujourd'hui trop de disparités et pas assez de suspense. Professionnaliser le championnat, c'est très bien pour rattraper le retard qu'on a pu prendre petit à petit."

Espoir olympique et convaincre Hervé Renard

Et comme les grandes compétitions sont souvent les meilleures vitrines pour rapporter licenciés et visibilités, les Jeux olympiques arrivent à point nommé, même si l'adversité sera accrue. "Je pense que les filles sont capables de remporter les Jeux", assure l'ex-joueuse parisienne. "Après, l'Espagne a une génération dorée qui arrive à maturité avec une Ballon d'Or quasi intouchable. On a nos chances car à la maison tout est possible".

Un vent de confiance qui enivre également Jean-Michel Aulas. "On est dans une progression significative. On sort d'une finale de Nations League contre les championnes du monde, on gagne en Angleterre, on a cette volonté d'avoir un staff de grande qualité. Je vois vivre cette équipe, je les vois se motiver avec cette échéance fantastique que sont les Jeux olympiques à domicile. On est sur la bonne trajectoire."

Une trajectoire tracée par Hervé Renard, à la tête de la sélection mais en fin de contrat et courtisé. "Je fais tout pour essayer de le convaincre", martèle Jean-Michel Aulas. "Il fait un travail remarquable. Si jamais on ne pouvait pas le garder, il faut garder ceux qui l'entourent aujourd'hui pour perpétrer tout ce qui a été entrepris jusqu'à maintenant". Si les dirigeants n'arrivent pas à le convaincre, "on a d'autres bons profils en France afin de préparer l'Euro de l'an prochain", relativise Laure Boulleau.

Article original publié sur RMC Sport