Bon sens

Les médecins ne sont donc pas ces demi-dieux qui ont pouvoir de vie ou de mort sur chacun d’entre nous. Ce sont des hommes et des femmes comme les autres. Avec leur expertise et leur dévouement mais aussi leur corporatisme et leurs querelles intestines. C’est la conclusion qui s’impose après lecture des diverses mesures prévues dans le projet de loi santé débattu ce mardi à l’Assemblée nationale. La fronde des médecins, qui dure depuis près d’un an, semble en effet avoir occulté bon nombre d’avancées. Outre la généralisation du tiers payant qui, rappelons-le, simplifie la vie des assurés sociaux, notamment celle des plus pauvres, les mesures envisagées sont pour la plupart de bon sens. Peut-être certaines devront-elles être réaménagées, comme celle qui prévoit de zapper le consentement des proches à un prélèvement d’organe sur une victime en situation de mort clinique. Ceux qui ont lu le bouleversant livre de Maylis de Kerangal, Réparer les vivants, savent à quel point il est important de parler avec la famille dans un moment aussi douloureux. Mais ceux qui attendent, dans un état de grande souffrance psychologique et physique, la possibilité d’être greffé et de retrouver une vie normale, savent à quel point il est urgent d’agir pour disposer de davantage de greffons. Le gouvernement a sans doute trop traîné dans l’élaboration de ces réformes - débattues en plein milieu d’élections professionnelles, ce qui pervertit les échanges. La ministre de la Santé a peut-être manqué de doigté. D’où un sentiment diffus de gâchis. Mais l’ensemble du projet, qui a toujours eu le soutien des associations de malades, a le mérite d’apporter de réelles améliorations au système de santé public.

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