Bolsonaro et Lula s’écharpent dans un débat houleux à trois jours du vote

(L to R) Brazilian presidential candidates Jair Bolsonaro (PL), Padre Kelmon (PTB),  Luiz Felipe D'Avila (Novo), Soraya Thronike (Uniao), Luiz Inacio Lula da Silva (PT), Simone Tebet (MDB) and Ciro Gomes (PDT) pose before a presidential debate ahead of the October 2 general election, at the Globo television network in Rio de Janeiro, Brazil, on September 29, 2022. (Photo by MAURO PIMENTEL / AFP)

MAURO PIMENTEL / AFP

Bolsonaro (tout à gauche) et Lula (cinquième en partant de la gauche) se sont affrontés aux côtés de cinq autres candidats, lors d’un dernier débat présidentiel ce jeudi 29 septembre.

BRESIL - « Menteur », « corrompu », « traître à la patrie » : les propos haineux ont fusé entre Lula et Bolsonaro lors du dernier débat télévisé avant le premier tour de la présidentielle au Brésil ce dimanche 2 octobre. Bolsonaro s’est évertué à rappeler l’emprisonnement pour corruption de l’ex président de gauche, en poste de 2003 à 2011. Malgré ces attaques, Lula peut compter sur une large avance.

Le débat diffusé sur la chaîne TV Globo ce jeudi 29 septembre a rassemblé quelques dizaines de millions de téléspectateurs durant plus de trois heures. Dès les premières minutes, l’ex-président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva et le chef de l’État sortant d’extrême droite Jair Bolsonaro, se sont invectivés et ont dû être rappelés à l’ordre à plusieurs reprises par le médiateur.

Un débat pauvre en idées et riche en fausses affirmations

Sept candidats sur les onze en lice étaient présents lors de ce débat, mais Lula et Bolsonaro ont accaparé le temps de parole. Dès sa première intervention, Bolsonaro a accusé Lula d’avoir été le chef de file d’une bande de « voleurs », quand la gauche a dirigé le pays de 2003 à 2016, tout en le traitant de « menteur » et « traître à la patrie ». Une allusion au scandale de corruption de Petrobras, pour lequel l’ancien syndicaliste a été incarcéré pendant 18 mois en 2018 et 2019, avant de voir ses condamnations annulées par la Cour suprême.

« C’est moche de voir un président de la République mentir sans arrêt », a rétorqué Lula, qui l’a à son tour accusé de corruption. « Comment peux-tu te regarder dans le miroir, quand on voit ce qui s’est passé sous ton gouvernement ? », a-t-il déclaré, citant notamment des soupçons de détournements de fonds de Flavio Bolsonaro, fils aîné du président. « Le peuple va te renvoyer chez toi le 2 octobre ! », a lancé Lula, à qui les sondages prédisent une victoire possible dès le premier tour ce dimanche.

Jugé très prauvre en idées et propositions de campagne, ce débat a aussi été source de plusieurs fausses informations, selon la cellule de fact-checking de l’AFP. Pour se défendre d’accusations de retards dans l’achat de vaccins contre le Covid-19 au Brésil, Bolsonaro a dit qu’« aucun pays au monde n’avait acheté de vaccin en 2020 », mais plusieurs pays ont commencé à immuniser leur population dès la fin 2020. Lula, pour sa part, a affirmé qu’il avait été « innocenté dans 26 procès », mais ses condamnations ont été annulées pour vice de forme, sans que le fond soit analysé.

Un second tour prévu le 30 octobre

Malgré son passif et son incarcération en 2018, Lula a toutes ses chances de prendre la tête du pays, et même peut-être dès ce dimanche. Selon la dernière enquête d’opinion publiée par l’institut Datafolha peu avant ce troisième débat télévisé, l’ex-président de gauche conserve un avantage confortable sur Bolsonaro, avec 48 % des intentions de vote contre 34 %. Lula, qui a déjà gouverné le Brésil de 2003 à 2010, peut être élu pour un troisième mandat dès le premier tour s’il obtient plus de 50% des votes exprimés (sans les nuls ni les blancs).

D’après le décompte de Datafolha, il est justement crédité de 50% de ces intentions de vote exprimées, comme il y a une semaine, contre 36% pour le président d’extrême droite (35% lors du dernier sondage). Ce score de l’ex-président de gauche reste dans la marge d’erreur du sondage (+ ou - 2 points de pourcentage), laissant planer l’incertitude sur la tenue d’un second tour le 30 octobre.

Son avantage est notamment dû à sa stratégie de campagne. Le Parti des Travailleurs (PT) a encouragé les Brésiliens au « vote utile » afin d’accorder leurs voix au vieux lion de la politique brésilienne dès ce premier tour, avec l’appui de stars de la chanson comme la chanteuse Anitta. Mais Jair Bolsonaro a toutefois obtenu un soutien de poids ce jeudi : Neymar, superstar du football brésilien, qui a ouvertement déclaré sa préférence dans une vidéo publiée sur TikTok.

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