Bolloré positionne son fils Yannick pour diriger Vivendi

par Gwénaëlle Barzic et Mathieu Rosemain

PUTEAUX (Hauts-de-Seine) (Reuters) - Le milliardaire Vincent Bolloré, principal actionnaire de Vivendi, a déclaré jeudi à ses actionnaires que son fils Yannick avait vocation à prendre la tête du groupe de médias et de contenus.

Yannick Bolloré, qui est l'un des quatre enfants de l'entrepreneur breton, dirige depuis 2013 le sixième groupe publicitaire mondial Havas, également contrôlé par Bolloré.

Agé de 37 ans, il a été coopté l'an dernier au conseil d'administration de Vivendi.

"De la même façon que vous avez vu la courbe d'Havas en Bourse qui a commencé à monter quand Yannick est arrivé, vous comprenez quelles vont être mes prochaines intentions. C'est que Yannick reprenne à un moment Vivendi", a expliqué Vincent Bolloré à l'occasion de l'assemblée générale des actionnaires du groupe familial à Puteaux (Hauts-de-Seine).

Le milliardaire n'a pas donné de calendrier pour la promotion de la nouvelle génération des Bolloré chez Vivendi, un groupe dont il a pris le contrôle à partir d'une participation minoritaire amorcée en 2012 et renforcée depuis régulièrement pour atteindre 20,65% du capital et 29% des droits de vote.

La nomination de Yannick Bolloré à la tête de Vivendi constituerait une étape supplémentaire dans la constitution d'un empire familial dans les médias et la communication déjà bien engagée avec le projet de prise de contrôle d'Havas par Vivendi via le rachat des parts de Bolloré dans le groupe publicitaire.

Vincent Bolloré, qui affirme vouloir céder les rênes en 2022 à l'occasion du bicentenaire du groupe Bolloré, a plusieurs fois exprimé le souhait de transmettre le flambeau à ses enfants avec une répartition des rôles déjà esquissée.

Si les médias semblent de longue date la chasse gardée de Yannick Bolloré, Cyrille Bolloré dirige les activités transport et logistique, "le coeur du réacteur" du groupe Bolloré, Marie Bolloré est impliquée dans la partie stockage d'électricité et véhicules électriques tandis que Sébastien, "la tête chercheuse", est notamment administrateur de l'éditeur de jeux vidéos Gameloft. Ils sont tous les quatre membres du conseil d'administration de Bolloré.

SUCCÈS À PRÉVOIR POUR FREE EN ITALIE

Lors de la même assemblée générale, Vincent Bolloré est par ailleurs revenu sur la stratégie de Vivendi qui a dépensé le trésor de guerre accumulé après une vague de cessions pour multiplier les prises de participations, notamment en Italie via Telecom Italia et Mediaset.

Telecom Italia doit se mettre en ordre de bataille face à l'arrivée de Free, filiale d'Iliad, dans la péninsule d'ici la fin de l'année, a prévenu le milliardaire.

"Xavier (Niel), j'ai beaucoup d'admiration pour lui mais il va faire ce qu'il faut pour prendre une grosse part de marché", a expliqué Vincent Bolloré, en faisant référence au fondateur et principal actionnaire d'Iliad.

"C'est un garçon intelligent, agile, efficace et donc il va réussir. Il faut résister à cela", a-t-il dit.

Free est en plein préparatifs pour se lancer comme quatrième opérateur mobile en Italie où il espère mettre à profit les recettes qui ont fait son succès en France : offres simples à bas coûts et base de coût réduite.

Vincent Bolloré a en outre confirmé que les équipes de Vivendi étudiaient une introduction en Bourse d'une partie du capital de la filiale de Vivendi Universel Music Group.

"La question d'une introduction en Bourse c'est de savoir à quel moment c'est le mieux. C'est comme les soufflés au fromage, il faut les sortir au bon moment".

Interrogé sur la polémique autour de Cyril Hanouna après un canular jugé homophobe dans l'une de ses émissions, Vincent Bolloré a jugé suffisantes les excuses présentées par l'animateur star de la chaîne gratuite de Canal+ D8.

"Il a fait une bêtise, il a dit une plaisanterie qui franchement n'était ni à faire, ni à refaire, il s'est excusé deux fois, qu'est ce que vous voulez que je fasse ? Je ne peux personnellement rien faire de plus que de dire 'voilà on va serrer les dents et on va continuer", a-t-il dit.

(Edité par Jean-Michel Bélot)